Processus
Erlea Maneros Zabala
Sans titre (les archives de presse du Los Angeles Times sur microfilm, mai 2007) [Untitled (Los Angeles Times Archive on Microfilm, May 2007), 2008]
« Je pars d'un élément formel pour le traduire en une chose différente. De même que l'écriture, l'art a en général un point de départ. Vous ne commencez jamais de zéro. Une base préliminaire vous sert à aborder le processus. »[1]
—Iñaki Garmendia, artiste
Les processus créatifs employés par les artistes Iñaki Garmendia (né en 1972 à Ordizia, Gipuzkoa), Erlea Maneros Zabala (née en 1977 à Bilbao) et Xabier Salaberria (né en 1969 à Donostia-San Sebastián) nous aident à saisir les idées impliquées dans leurs œuvres d'art. Leurs processus mettent en avant les intentions et les objectifs des artistes et impliquent en général la collaboration de plusieurs disciplines artistiques, telles que la peinture, le film, la vidéo, la photographie, la sculpture et la performance. Il leur arrive d'intégrer des techniques ressortant de disciplines non artistiques, mais qui leur servent à réaliser leurs objectifs artistiques.
Parfois, ces artistes entament leur processus créatif à partir d'un document ou de l'œuvre d'un autre artiste. Par exemple Garmendia s'est inspiré dans son œuvre Pas R.S. (99 ballons d’amour rouges) [No R.S. (99 Red Love Balloons), 2008], des photos et des films d'expériences de Roman Signer (né en 1938 à Appenzell en Suisse) comportant des explosions, des sculptures et des actions artistiques. Les œuvres de Signer ont été désignées comme étant des « sculptures-temps » car l’artiste explore la transformation des matières par le temps, attirant l'attention du spectateur sur l'expérience de l'événement, les changements subis et les forces impliquées.[2] Signer utilise des objets du quotidien et les relie à la terre, au vent, au feu et à l'eau de manière inattendue. Il intègre la chimie pour observer les combinaisons et les réactions des éléments de base. Dans Pas R.S., Garmendia filme l'explosion de deux bassines, trois bombonnes de gaz, une bouteille de butane et quelques ballons. Même si l'objet exposé est une vidéo, ces objets fonctionnent comme des sculptures. Les images n'ont pas un caractère narratif et deviennent des abstractions[3]au fur et à mesure que Garmendia supprime tout thème particulier ou tout contexte spécifique.
Dans Sans titre (les archives de presse du Los Angeles Times sur microfilm, mai 2007) [Untitled (Los Angeles Times Archive on Microfilm, May 2007), 2008] , Maneros Zabala a pris le microfilm comme point de départ de son processus créatif. Le groupe de photocopies en noir et blanc qui constitue cette œuvre d'art tire son origine des images issues des appareils produisant des microfilms. Cette technologie a été utilisée depuis plus d'un siècle pour préserver les journaux et les documents. Aujourd'hui, on préfère archiver les documents en ligne. Maneros Zabala observe la transition des images d'un domaine à l'autre. Dans cette œuvre, elle dépouille les images du microfilm d’une partie de leur contenu (surtout le texte), obtenant une trame de rectangles noirs ponctuée d'images dissociées. Le seul texte qui soit lisible dans cette série est « New Day Begins. » (un jour nouveau commence) [4] Les images pourraient être interprétées comme un manifeste contre les conséquences des nouvelles technologies, abordant des questions telles que l'expiration, l'anachronisme et la simultanéité.[5]
L'installation Sans titre, 2011 [de la série Inconscient/conscient (Inkontziente/kontziente), 2011–13] par Salaberria, est basée sur une réplique du pavillon républicain espagnol conçu à l'origine pour l'exposition universelle de Paris en 1937 par Josep Lluís Sert (1907–1983) et Luis Lacasa (1899–1966), reconstruit dans la ville de Barcelone à l'occasion des jeux olympiques de 1992. Le bâtiment qui s'inscrivait dans la ligne de l'architecture rationaliste devint un symbole de la résistance républicaine contre le fascisme durant la guerre civile espagnole (1936–39). Salaberria a demandé à un photographe professionnel de prendre des photos du pavillon à Barcelone. En se distançant du processus, Salaberria évitait qu'une subjectivité artistique entre en jeu. Son processus artistique devient une stratégie de distanciation, questionnant la paternité de l'œuvre. Il soulève également un débat sur les connotations dudit pavillon : de quelle manière les identités nationales peuvent-elles être représentées par l'architecture et montrées dans des expositions universelles où apparaissent de plus en plus clairement les frontières de l'état-nation. [6]
NOTES
1. “Iñaki Garmendia in ARCO 2011.” 18 février 2011.
3. “El artista Iñaki Garmendia experimenta con la abstracción.” El diario de Navarra, 27 janvier 2008.
4. Mizota, Sharon. “Review: Erlea Maneros Zabala looks back at 'Past Work.'
Los Angeles Times, 4 avril 2013.
5. Jaio, Miren. Antes que todo. Catalogue d'exposition Madrid : CA2M, 18 sept. 2010–9 jan. 2011, p. 146.
Preguntas
- Observez l’œuvre de Garmendia, Pas R.S. (99 ballons d’amour rouges) [No R.S. (99 Red Love Balloons), 2008]
Dans le musée, vous pouvez voir les quatre vidéos sur différents écrans. En classe, vous pouvez visionner un extrait de la vidéo intitulée Pas R.S. par Garmendia à l’adresse http://vimeo.com/11654549. Demandez à vos élèves de nommer les objets qu’ils reconnaissent. Dans quelle mesure sont-ils similaires ou différents ?
Demandez-leur de décrire ce qui se passe sur chaque écran et de quelle manière les objets bougent et se comportent. Garmendia provoque des événements pour nous faire remarquer comment les objets réagissent à un éclairage qui met en valeur leur matérialité.
Dans la plupart des vidéos de Garmendia se retrouve l’idée que tout est relié au cercle. Qu’est-ce que pourrait symboliser le cercle ? Créez une liste d’associations avec le cercle. Recherchez des images de cercle ou des mouvements circulaires dans la vidéo et essayez d’en trouver la raison.
Demandez à vos élèves de décrire le son et l’éclairage. Dans quelle mesure l’utilisation du son et de l’éclairage influent sur l’impact qu’a l’œuvre ?
Garmendia pense que ce groupe d’objets fonctionne comme une sculpture. Pourquoi pensez-vous qu’il utilise la vidéo pour créer des sculptures ?
- Demandez à vos élèves de regarder attentivement l’œuvre de Erlea Sans titre (les archives de presse du Los Angeles Times sur microfilm, mai 2007) [Untitled (Los Angeles Times Archive on Microfilm, May 2007), 2008]
Demandez à vos élèves de décrire les images et recherchez les éléments reconnaissables. Qu’ont-ils découvert ?
Les points noirs, les taches et les trames font également partie de ces images d’archives. Demandez à vos élèves : Comment définiriez-vous ces images ? Qu’est-ce qu’elles vous rappellent ?
Quand et où pourrions-nous trouver ces types d’images ?
La technique du microfilm pourrait être rangée parmi les pratiques du passé, mais les images sous forme microfilmée dureront 500 ans ou plus, bien plus longtemps que la plupart des stocks de papier en usage aujourd’hui. Demandez aux élèves de penser aux données informatiques : pensent-ils que les archives digitales soient un enregistrement permanent ? Recherchez des informations sur les microfilms et les archives digitales et discutez des avantages et des inconvénients respectifs des deux technologies.
Faites une liste des appareils enregistreurs passés et présents. Discutez des avantages et qualités de chaque appareil.
Discutez de la question de savoir comment les nouvelles technologies ont changé nos vies (la manière dont nous travaillons et étudions, la manière d’être en contact avec les autres, la manière de gérer notre temps etc.).
- Demandez à vos élèves de regarder attentivement l’installation Sans titre, 2011 [de la série Inconscient/conscient (Inkontziente/kontziente), 2011–13]
Quelles images voyez-vous ? Quel type de bâtiment est-ce ? Quelle pourrait être son utilisation ?
En 1937, Pablo Picasso (né en 1881 à Malaga en Espagne ; mort en 1973 à Mougins en France) a exposé la peinture Guernica (1937) pour la première fois dans ce pavillon. Recherchez des informations sur le pavillon républicain espagnol.
Quelles sortes d’expositions ou de foires connaissent vos élèves ? Quel est le but des expositions universelles ?
Recherchez des informations concernant les foires internationales d’art et discutez de leurs buts et de leurs engagements dans le passé et aujourd’hui.
Pourquoi pensent-ils qu’une réplique du bâtiment ait été réalisée à Barcelone en 1992 à l’occasion des jeux olympiques ? Le bâtiment a-t-il encore la même signification que celle qu’il avait en 1937 ? Pour nourrir votre conversation, recherchez des informations concernant le bâtiment et son utilisation actuelle.
Salaberria se distancie du processus artistique dans cette série. Il a demandé à un photographe professionnel de prendre des photos du pavillon espagnol. Pourquoi pensent-ilsque Salaberria ne prend pas les photos lui-même ? Discutez la question de savoir s’il est important qu’un artiste fasse lui-même son œuvre d’art.
Demandez à vos élèves de décrire la manière dont l’artiste présente les photos dans cette exposition en particulier. Dans quelle mesure cette présentation interfère-t-elle avec la perception du spectateur ? Discutez de la manière dont un espace d’exposition peut influencer une œuvre d’art.