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Alberto Giacometti<br /> Alberto Giacometti dans son atelier, Paris, Juillet 1954<br /> Photographie de Sabine Weiss<br /> Fondation Giacometti, Paris<br /> © Sabine Weiss

Giacometti, Alberto

1898, Borgonovo, Suiza | 1966, Cuera, Suiza

giacometti 1954

Alberto Giacometti est né en 1898 dans un village de montagne du canton de Borgonovo, en Suisse. Son père, Giovanni Giacometti (1868–1933), était un peintre néo-impressionniste bien connu des collectionneurs et artistes suisses.

À quatorze ans, en 1914–1915, Alberto Giacometti sculpte le buste de son frère Diego dans l’atelier de son père et, vers 1915 il signe sa première peinture à l’huile, Nature morte aux pommes. Son père et son parrain, le peintre symboliste Cuno Amiet (1868–1961), joueront un rôle majeur dans l’évolution artistique du jeune Alberto.

En 1922, il s’installe à Paris pour suivre les cours de sculpture d’Émile-Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière. En 1925, il présente pour la première fois son travail au Salon des Tuileries. La même année, son frère Diego le rejoint à Paris ; sculpteur et designer, il travaillera aux côtés d’Alberto tout au long de sa carrière.

Le jeune artiste s’intéresse à l’art africain vers 1926. Les deux œuvres qui font connaître Giacometti au public sont Le couple, exposé au Salon des Tuileries de 1926, et Femme cuillère, présentée dans le même lieu en 1927. L’artiste s’éloigne de la représentation naturaliste prônée par l’académie, et certaines de ses œuvres produites peu de temps après montrent son intérêt pour l’art non occidental, une influence qui se retrouvera dans toute son œuvre plastique.

Giacometti rejoint le mouvement surréaliste d’André Breton en 1931 et en devient un membre actif. Tête qui regarde avait attiré l’attention du groupe en 1929 et sa sculpture Femme qui marche de 1932, a été conçue par l’artiste pour la grande exposition surréaliste de 1933.

En 1935 Alberto Giacometti s’éloigne du mouvement surréaliste et recommence à travailler à partir de modèles, entre autres avec son frère Diego et la modèle professionnelle Rita Gueyfier, qui posent pour lui au quotidien. Le sculpteur explore diverses techniques de modelage et passe d’une rigueur géométrique facettée à un travail plus expressif, qui le ramène à la peinture et à la réalité du modèle.

En 1941, Alberto Giacometti se rend en Suisse, où il est contraint de rester jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. À Genève, il réalise de petites sculptures sur d’immenses socles. Ses figures féminines aux hanches arrondies s’inspirent du souvenir qu’il a de la silhouette d’une femme vue de loin. Il sculpte également de minuscules figures d’enfants inspirées par son neveu Silvio.

Avant de quitter Paris, Giacometti avait fait la connaissance du philosophe Jean-Paul Sartre, avec lequel il noua une solide amitié. De retour en 1946, Giacometti et Sartre se retrouvent régulièrement à Saint-Germain-des-Prés. Le philosophe est l’auteur de deux essais fondamentaux, publiés respectivement en 1948 et 1954, qui abordent le thème de la perception dans l’œuvre de l’artiste.

Les sujets explorés par Giacometti immédiatement après la guerre s’inspirent de l’existentialisme et la philosophie de l’absurde qui prévaut dans les milieux intellectuels.

Le mouvement des foules dans les rues le fascine et l’incite à créer de nouvelles compositions, comme Trois hommes qui marchent, la première sculpture dans laquelle ce sujet apparaît. Ses créations ultérieures abordent des figures féminines totémiques avec une tête masculine sur une grande dalle de pierre, il approfondit ainsi ses recherches sur la fonction du socle. Le motif de la cage, apparu à l’époque surréaliste, réapparaît alors dans Le Nez.

En 1949, Alberto épouse Annette, qui sera son principal modèle féminin jusqu’à sa mort. Giacometti a vécu une expérience intense cette même année, en voyant un film, dont il dégage une vision très claire de sa perception des personnes et des objets dans l’espace. Cette nouvelle conception de la silhouette se confond avec ce qu’on appelle le style Giacometti aux formes filiformes : des femmes debout à la frontalité hiératique et des hommes marchant comme des hiéroglyphes en mouvement, caractérisés par une facture accidentée qu’il avait explorée dans ses sculptures de fragments du corps humain.

Après une période extraordinairement féconde au cours de laquelle il réalise de nombreuses sculptures, Giacometti revient à la peinture et à la sculpture d’après nature entre 1947 et 1950, représentant les têtes de ses modèles telles qu’il les perçoit, à une certaine distance, lors de longues séances de pose.

La plupart des expositions d’art du XXe siècle organisées entre 1952 et 1953 comprennent des œuvres de Giacometti, comme celles du Musée d’art moderne de Paris, la Kunsthaus de Zurich, la Kunsthalle de Bâle ou celle du Musée d’Art moderne de New-York et de l’Art Institute of Chicago, aux États-Unis. En 1955, deux rétrospectives majeures sont présentées simultanément : l’une à l’Arts Council à Londres, organisée par David Sylvester, l’autre au Solomon R. Guggenheim Museum à New York.

En 1955, Giacometti rencontre le professeur de philosophie Isaku Yanaihara, qui a été chargé par un magazine japonais d’écrire un article sur lui. Au fil des visites de Yanaihara à l’atelier de Giacometti, une étroite amitié se forge entre eux. Yanaihara pose pour Giacometti entre 1956 et 1961, ce qui donnera naissance à l’un des plus importants ensembles de portraits masculins réalisés par l’artiste.

En 1956, Femmes de Venise sont présentées pour la première fois au Pavillon français de la Biennale de Venise. En 1959, Giacometti rencontre une prostituée de 21 ans qui se fait appeler Caroline. Entre 1960 et 1965, l’artiste en fait d’innombrables portraits, point culminant de sa nouvelle façon de représenter la réalité.

En 1964, au cours de dix-huit séances, il peint et repeint James Lord, qui photographie l’artiste et enregistre leurs conversations, ces documents seront rassemblés et publiés en 1965 dans son livre Un portrait par Giacometti.

En 1965, le Musée d’Art Moderne de New York consacre une vaste exposition à Giacometti, qui se déplacera à Chicago, Los Angeles et San Francisco. En juillet, la Tate Gallery de Londres inaugure la rétrospective Alberto Giacometti : Sculpture, Paintings, Drawings 1913–1965. Le musée Stedelijk d’Amsterdam expose ses dessins.

En septembre, Ernst Scheidegger et Peter Münger tournent entre Stampa et Paris Alberto Giacometti, un film dans lequel l’artiste brosse un portrait de Jacques Dupin et converse avec le poète en sculptant  un buste imaginaire.

En novembre, le gouvernement français décerne à Giacometti le Prix national des Beaux-Arts ; à la fin du même mois, l’Université de Berne le nomme docteur honoris causa.

Alberto Giacometti meurt le 12 janvier 1966, il est enterré trois jours plus tard dans le cimetière de Borgonovo, sa ville natale.

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