Exposée actuellement (Salle 307)

Boîte vide avec grande ouverture

1958Acier cuivré
46 x 45 x 39 cm

En 1959, après des années d’activité artistique, Jorge Oteiza mettait un point final à la recherche expérimentale et abandonnait la sculpture pour se consacrer à des activités de promotion culturelle, politique et éducative dans le Pays Basque.

En 1947, après un séjour prolongé en Amérique du Sud et ayant digéré l’effet que lui avait produit l’œuvre d’Henry Moore, il commença à développer dans le Pays Basque ce qu’il dénomma son «propos expérimental ». Ce travail émanait d’une série de considérations conceptuelles et d’une manière particulière de travailler les problèmes sculpturaux : il y a d’abord cette notion bien à lui qui veut que toute pratique artistique naît d’un rien qui est rien, pour arriver à un Rien qui est Tout. Ainsi, à des moments où il se produit une augmentation de l’expressivité, de la quantité de matière et où par conséquent le rôle du spectateur est purement réceptif, succèderont d’autres moments où l’expression éteinte, la désoccupation de la matière et le rôle prédominant de l’espace prennent le dessus, alors que le spectateur s’active face au vide de la sculpture.

Ces idées d’expérimentation et de spiritualité, qui lui venaient de la relecture d’œuvres de grands maîtres comme Kandinsky, Mondrian ou Malevitch, entraînèrent dans la pratique un processus d’évidement de corps géométriques simples comme le cylindre, la sphère ou le cube à partir de multiples essais réalisés sur de petits modèles classés par groupes de problématique similaire, qu’Oteiza dénommait « familles expérimentales » ou séries. De ces modèles, seuls les plus représentatifs ou les plus marquants étaient ensuite modelés dans un matériau définitif et toujours à une échelle modeste. Durant ces années et dans sa série La désoccupation de la sphère (La desocupación de la esfera), il réalisa Hillargia, 1957, Construction vide avec cinq unités Malevitch courbes (Construcción vacía con cinco unidades Malevich curvas, 1957) et Essai de désoccupation de la sphère (Ensayo de desocupación de la esfera, 1958). La première est une œuvre qui se sert d’une étude du mouvement d’un point de vue structurel pour, en même temps et figurativement, évoquer les phases de la lune. La seconde est très proche de l’œuvre Hommage à Malevitch (Homenaje a Malevich), une pièce majeure d’Oteiza. Dans ces pièces, l’utilisation combinée de la technique de la soudure et de la forge semble convertir la sculpture en cause et effet spatial : l’espace se définit dans ses concavités mais en même temps, cet espace qui fait pression sur les formes semble être la cause ultime de ces dernières. Essai de désoccupation de la sphère est quant à elle très proche du stade de conclusion expérimentale de cette série.

En 1958, Oteiza entreprit ses « œuvres conclusives », des signes spatiaux caractéristiques dépouillés de matière, avec une forte présence géométrique, considérées comme des exemples de sculpture proto-minimaliste. Le sculpteur considère le vide qui constitue ces pièces comme un point d’arrivée, le signal de la fin d’un processus et du commencement d’un nouveau. Réalisée en 1958, Boîte métaphysique par la conjonction de deux trièdres. Hommage à Leonardo (Caja metafísica por conjunción de dos triedros. Homenaje a Leonardo) fait partie de l’ensemble des œuvres conclusives qui couronnent la fructueuse carrière artistique de Jorge Oteiza. Ces œuvres constituent le noyau expérimental de son travail, les plus importantes et celles qui ont le plus de répercussion dans le contexte de la sculpture moderne. Bien qu’il ait expérimenté avec diverses formes géométriques, l’artiste trouva dans le cube la solution à la problématique de sa recherche : la définition d’un espace vide qui pourrait se remplir d’énergie spirituelle. Les boîtes métaphysiques, dont cette œuvre constitue un magnifique exemple, génèrent en leur intérieur un espace mystérieux et obscur et, étant placées sur un socle en marbre ou en pierre, contribuent à créer la sensation que l’artiste recherchait : celle d’un espace sacré.

Boîte vide avec grande ouverture (Caja vacía con gran apertura, 1958) appartient à cette dernière grande série, plus spécifiquement à ses Boîtes vides (Cajas vacías), et représente un exemple très subtil de boîte dans laquelle l’espace et les formes fluent beaucoup plus que dans d’autres pièces de la même série.

Titre original

Boîte vide avec grande ouverture

Date

1958

Technique / Matériaux

Acier cuivré

Dimensions

46 x 45 x 39 cm

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa