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Bouc et chèvre

1992Technique mixte sur toile
297 x 250.5 x 6 cm

Miquel Barceló fut l'un des principaux représentants du néo-expressionnisme espagnol du début des années quatre-vingt, aux côtés de peintres comme Ferran García Sevilla, Miguel Ángel Campano, Juan Navarro Baldeweg et José María Sicilia. Ce retour à la peinture en Espagne se produisit dans la foulée d'autres mouvements créés en Italie, Allemagne, Autriche et États-Unis.

Durant ses années de consolidation, l'œuvre de Barceló se caractérisa par les grands formats et d'épaisses couches de matières. Barceló ajoutait des matières insolites à ses tableaux, telles qu'algues marines, cendre volcanique, aliments divers (farine ou riz, par exemple) et différents types de déchets, comme des caisses en carton et des mégots de cigarettes, et peignait ses toiles par terre. Au milieu des années quatre-vingt, il commença à éliminer les éléments narratifs de ses tableaux et à se concentrer dans son œuvre sur la lumière, les trous et les transparences. Ce processus de simplification trouva son apogée dans les peintures blanches, une série prolifique que l'artiste créa à partir de 1988, année où il voyagea à travers le Sahara en allant de l'Algérie au Mali (où il acheta une maison et un studio qu'il utilise encore aujourd'hui).

Bouc et chèvre (Cabrit i cabrida) appartient à une série de peintures qui ont pour thème la représentation d'animaux pendus ou sacrifiés, comme Le Bal des pendus et Blanc de zinc, blanc de plomb. Tout comme dans ces dernières, on peut y observer non seulement les influences des natures mortes avec les fruits qui pendent, de l'espagnol Juan Sánchez Cotán, mais aussi celles des natures mortes de la Renaissance et du baroque et des peintures hollandaises et flamandes, comme les animaux dépecés de Rembrandt. Cette peinture constitue en même temps une référence à la vie quotidienne des pays d'Afrique au sud du Sahara, avec leurs marchés et les animaux suspendus, qui au lieu de nourriture, suggèrent plutôt la mort et la misère. Alors que les natures mortes de la Renaissance et du baroque peuvent se lire comme des allégories du temps qui passe, ces peintures, réalisées à partir de la découverte de la précarité de la vie en Afrique, peuvent être interprétées plutôt comme des emblèmes de la fragilité des nouveaux états africains, où le problème n'est pas tant de sentir la rapidité du temps qui passe mais de savoir comment survivre au quotidien. Cela étant, Barceló se distance des uns et des autres pour conférer à ces œuvres un air de célébration, de rituel animiste, qui peut nous conduire à des réflexions métaphysiques : tout ce qui est vivant se décompose, mais renaît.

Titre original

Cabrit i cabrida

Date

1992

Technique / Matériaux

Technique mixte sur toile

Dimensions

297 x 250.5 x 6 cm

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa Donation de Bruno Bischofberger, Zurich