Exposée actuellement (Salle 307)

Espace pour l’esprit

1995Granit rose
173 x 85 x 91 cm

Eduardo Chillida étudia l'architecture à Madrid de 1943 à 1947, avant de se tourner vers la peinture pour, après s'être installé à Paris en 1948, opter finalement pour la sculpture. Ses connaissances d'architecture sont clairement mises en évidence dans la structure sous-jacente, dans le choix des matériaux et la planification étudiée des relations spatiales qui caractérisent ses sculptures. D'ailleurs, Chillida concevait la sculpture comme liée à l'architecture et affirmait : « Construire, c'est créer dans l'espace. C'est en cela que consiste la sculpture et, en règle générale, la sculpture est à la fois sculpture et architecture »[1]. En cinq décennies, il s'est converti en l'un des plus importants artistes basques du XXe siècle et une figure mondialement reconnue dans la sculpture de l'après-guerre, nous léguant un nombre important d'œuvres publiques monumentales construites pour des emplacements spécifiques, ainsi que des sculptures de taille plus conventionnelle.

Chillida choisissait des matériaux capables de transmettre sa recherche sur des questions conceptuelles et métaphysiques. Pour ses premières sculptures réalisées à Paris, qui s'inspiraient de figures humaines et de formes naturelles, il choisit la pierre et le plâtre, des matériaux appropriés pour ses études sur les œuvres anciennes exposées au Louvre. À son retour au Pays Basque en 1951, il commença à se plonger dans la métamorphose de l'espace et dans la définition abstraite du volume spatial à travers la forme et se mit à utiliser le fer, puis plus tard le bois et l'acier, des matériaux représentatifs des traditions basques dans l'industrie, l'architecture et l'agriculture et qui rappelaient aussi le paysage typiquement basque et sa « lumière obscure », selon la propre description de Chillida.

Espace pour l'esprit (Espacio para el espíritu, 1995) est une œuvre en granit rose extrait avec des méthodes traditionnelles de carrières d'Inde. Chillida commença à travailler avec ce granit à la fin des années 1980, époque où il créa Profond est l'air IV (Lo profundo es el aire IV, 1987), qui fut exposée à la Biennale de Venise de 1988. Ces œuvres en granit possèdent une ouverture dans leur partie supérieure, un carré qui permet à la lumière de pénétrer à l'intérieur. Chillida connaissait l'impénétrabilité de la pierre, qui refuse d'être transformée. Au lieu de chercher une géométrie inscrite dans la pierre, il cherchait la géométrie intrinsèque au propre matériau. Pour Chillida, la force et le pouvoir de la pierre résident dans sa capacité à moduler et à rassembler l'espace. En travaillant avec du granit, le sculpteur voulait que la roche elle-même, comme une montagne, offre une expérience architecturale.

Note :
1. Eduardo Chillida. Conversation avec Mario Terès. Dans : Christa Lichtenstein. Chillida und die Musik. Baumeister von Zeit und Klang. Cologne, Wienand, 1997, p. 73. Cité dans Chillida, 1948–1998, catalogue d'exposition, Madrid, Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, 1998, p. 62.

Source(s) :
Kosme de Barañano. «Eduardo Chillida», Colección del Museo Guggenheim Bilbao, Bilbao, Guggenheim Bilbao Museoa ; Madrid, TF Editores, 2009.

Titre original

Espace pour l’espri

Date

1995

Technique / Matériaux

Granit rose

Dimensions

173 x 85 x 91 cm

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa