Exposée actuellement (Étang)

Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.)

1998Eau-brouillard générée par 1000 tuyères de brouillard et un système de moteur de pompe à haute pression
Dimensions selon emplacement

Fujiko Nakaya est la première artiste à travailler avec le brouillard comme moyen sculptural. Ceci ne veut pas dire qu'elle façonne ce moyen en se basant sur ses propres concepts. Elle collabore, plutôt, de façon subtile avec l'eau, l'atmosphère, les courants d'air et le temps. Ses sculptures de brouillard, de nature expérimentale et éphémère, montrent une certaine affinité avec l'art conceptuel et le Land art mais représentent également un tournant radical dans l'histoire de l'art et la technologie.

L'œuvre de Nakaya avec le brouillard, qu'elle considère comme un moyen de transmission de la lumière et de l'ombre, similaire à la vidéo, surgit au départ de l'intérêt qu'elle ressentait pour ce qu'elle nomme « décomposition » ou « le processus de désintégration». Lorsqu'elle était étudiante d'art aux États-Unis (où elle arriva du Japon avec sa famille au début des années 1950), elle peignait des fleurs qui se fanaient, et une série de tableaux de nuages qu'elle réalisa après son retour au Japon à la fin de cette époque exprime sa fascination à l'égard des phénomènes naturels qui « se forment et se dissolvent encore et encore »[1]. La première sculpture de brouillard de Nakaya surgit lorsqu'elle était membre d'Experiments in Art and Technology (E.A.T.), une organisation consacrée à faciliter et à promouvoir la collaboration entre ingénieurs et artistes. Elle fut créée en 1967 par Robert Rauschenberg, entre autres, que Nakaya avait rencontré quelques années plus tôt lors d'une visite de l'artiste américain à Tokyo. En 1970, l'E.A.T. conçut le Pavillon Pepsi-Cola pour l'Expo de 1970 à Tokyo, la première exposition internationale organisée en Asie et un tout un événement pour les membres de l'avant-garde japonaise. Avec l'aide d'autres membres de l'E.A.T., Nakaya décida d'envelopper le pavillon de brouillard, une prouesse qu'elle réussit avec l'aide d'un physicien atmosphérique dénommé Thomas Mee. La technologie développée lors de ce projet de collaboration a servi, avec quelques modifications, à toutes les sculptures de brouillard réalisées par la suite par Nakaya.

Pendant les années 1980 et 1990, Nakaya reçut la reconnaissance internationale en tant qu'artiste vidéo et défenseur des arts alternatifs, mais elle continua à créer des installations ambitieuses et des sculptures de brouillard au Japon, en Australie, aux États-Unis et en Europe. Ses sculptures de brouillard ont inclus des pièces réalisées pour des performances (comme la collaboration de 1980 avec la chorégraphe américaine Trisha Brown) et des installations environnementales sur des scènes temporaires ou permanentes. Sculpture de brouillard #08025 (F.O.G.) [Fog Sculpture #08025 (F.O.G.), 1998] s'inscrit dans ces dernières. L'œuvre fut commandée sur invitation de Rauschenberg afin de la livrer en même temps que l'inauguration de la rétrospective de ce dernier, exposée en 1998 au Musée Guggenheim Bilbao (« F.O.G. signifie « Frank O. Gehry »). Peu de temps après l'inauguration, Rauschenberg l'acheta et la donna au Musée. Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) est maintenant installée de façon permanente dans le bassin qui se trouve à côté de la façade de la structure en titane ondulant qui donne sur la ria. Ici, le brouillard marque le contraste entre l'eau ondulante de la base et le mur réfléchissant et serpentin qui sert de toile de fond. La sculpture rend ces surfaces variables, mobiles et changeantes. Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) est une « sculpture permanente » formée de goûtes d'eau produites artificiellement qui se dissipent constamment dans l'atmosphère et, comme dit Nakaya, c'est « un phénomène et un artéfact (...), un dynamisme précaire [...] de l'équilibre de la nature »[2].

Notes
1. Nakaya.  Tsukamoto Yoshiharu et Momojo Kajima. « Materiaru 4, mizu/kiri, gesuto Nakaya Fujiko, kiri no chokoku-ka » [Matériau 4, eau/brouillard : entretien avec Fujiko Nakaya, sculptrice du brouillard], Kenchiku bunka [Culture architecturale], septembre 1993, nº 563, p. 143–50.
2. Nakaya. Fog Sculpture #08025 : Water Fog Guggenheim Museum Bilbao. Document non publié, 1990, archives du Musée Guggenheim Bilbao, sans pagination.

Source :
Alexandra Munroe avec Ikuyo Nakagawa. « Fujiko Nakaya », Colección del Museo Guggenheim Bilbao, Bilbao, Guggenheim Bilbao Museoa ; Madrid, TF Editores, 2009.

Titre original

Fog Sculpture # 08025 (F.O.G.)

Date

1998

Technique / Matériaux

Eau-brouillard générée par 1000 tuyères de brouillard et un système de moteur de pompe à haute pression

Plus d’infos

Donation de Robert Rauschenberg

Dimensions

Dimensions selon emplacement

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa <br/><br/> <strong>Elle est activée toutes les heures pile, de 10h00 à 20h00, pendant huit minutes.</strong>

Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.)

Fujiko Nakaya est pionnière dans l’utilisation du brouillard comme matériau et concept sculptural depuis 1970. L’œuvre Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) a été tout spécialement conçue pour le bassin du Musée Guggenheim Bilbao, et depuis sa présentation en 1998 fonctionne au quotidien comme un événement visuel et atmosphérique éphémère. Sa forme fascinante, changeante et enveloppante, varie au gré des conditions climatiques du moment lorsque l’œuvre est activée.

Dans le musée

Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) | Fujiko Nakaya | Guggenheim Bilbao Museoa
Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) | Fujiko Nakaya | Guggenheim Bilbao Museoa
Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) | Fujiko Nakaya | Guggenheim Bilbao Museoa

Perspectives

Sculpture de brouillard de Fujiko Nakaya

La poésie et la musique coexistent dans la création Sculpture de brouillard nº 08025 (F.O.G.) [Fog Sculpture #8025 (F.O.G.), 1998] signée Fujiko Nakaya. La chanteuse María José Llergo évoque, aux côtés de la curatrice Lucía Agirre, les écailles d’un poisson émergeant de l’eau à travers la brume, les petits couteaux d’argent que le soleil et le vent teintent de blanc et qui s’illuminent. De l’art à l’état pur.