048Galerias Yoko Ono 2014

Activisme et implications

« La poésie n’est pas une croyance. Elle n’est pas logique. Elle est action »1

Yoko Ono (Tokyo, 1933) milite depuis longtemps pour la paix, les droits humains en général et la cause des femmes en particulier. En 1966, elle fait la connaissance du musicien britannique John Lennon (Liverpool, 1940-New York, 1980) à l’occasion d’une exposition individuelle de son travail à l’Indica Gallery de Londres. Trois ans après, ils se marient et profitent du battage médiatique autour de leur mariage pour réaliser une campagne en faveur de la paix. Entre le 25 et le 31 mars 1969, ils organisent ainsi l’action Bed-In For Peace, au cours de laquelle ils reçoivent la presse au lit, en pyjama, pour diffuser un message de non-violence et d’opposition à la guerre. L’apogée de cette action sera la chanson « All we are saying / Is give peace a chance », devenue un hymne du mouvement pacifiste. Cette action pacifiste et en défense des droits humains fut accompagnée d’une campagne à base de panneaux publicitaires pour afficher le message « War is over! If you want it ».2

Au début des années 60, des femmes artistes commencent à utiliser leur corps comme moyen d’expression, comme argument et comme arme pour revendiquer publiquement les droits qui, historiquement, leur ont été niés par une société essentiellement masculine.3 Ono, en tant qu’artiste, participe des dimensions sociales et politiques qui concernent le féminisme. En 1970, Lennon et elle écrivent ensemble la chanson « Woman is the Nigger of the World », une déclaration conjointe dénonçant l’oppression des femmes dans le monde. L’année suivante, Ono publie un essai intitulé « La féminisation de la société » dont les idées et les arguments sont toujours valables aujourd’hui.

Les actions d’Ono, qui se déroulaient au début dans un univers artistique dominé par les hommes, cherchent à établir des « références au contact physique, au frottement, à la dissimulation ainsi qu’à des activités comme dormir, rêver ou crier », autant d’actes en rapport avec son imaginaire féministe.4 Dans son film Fly, 1970, elle explore le corps féminin sous l’angle de vue d’un insecte, en présentant le corps féminin comme un simple fragment servant de fond. Le film aborde le rôle passif assigné aux femmes dans la société.

Tout le long de sa vie, Ono est intervenue dans des espaces tant publics que privés. Les panneaux publicitaires, les bâtiments publics, les voitures ou les objets de merchandising sont transformés en autant d’alliés pour diffuser et propager ses idées et ses images dans le monde5. Cette stratégie de s’adresser à un vaste public à travers les médias commence à être évidente fin 1964, quand, dans des propositions comme “Événement dessinez un cercle (Draw Circle Event) et “ Événements trou (Hole Events), depuis la galerie fictive IsReal Gallery, elle demande au public, au moyen d’annonces, de dessiner des cercles dans un rectangle ou de trouer des cartes postales pour voir le ciel. Ces actions se matérialisèrent en 1965 en utilisant différents formats de cartes postales.

L’Internet s'est aussi révélé un outil efficace pour les desseins de l’artiste. Acorns: 100 days with Yoko Ono, 1996, peut être vu comme une évolution de ses actions et de ses évènements des années 60 au cours desquels, au moyen de messages poétiques ou d’instructions, elle proposait aux lecteurs d’analyser sous d’autres angles et de s’interroger sur leur vie. Dans Acorns: 100 days with Yoko Ono, 1996, l’artiste a posté quotidiennement, 100 jours durant, un message-poème sur la Toile en invitant le lecteur à laisser ses réponses ou ses commentaires.

Dans le cas de ses installations les plus récentes, elles permettent au spectateur de s’introduire dans des atmosphères propices à la méditation et à la réflexion pour une remise en question des interrelations de l’être humain avec son environnement. Rayons du matin (Morning Beams, 1996/2014) et Lit de rivière (River Bed, 1996/2014) sont deux œuvres réalisées avec des cordes de nylon évoquant les rayons du soleil et des galets rappelant le lit des rivières. À partir de cette installation, Yoko Ono nous invite à contempler la trajectoire de la mémoire et à nous rappeler des émotions et des moments passés. L’œuvre suggère que nos vies, comme les rivières, coulent paisiblement ou tumultueusement, et nos souvenirs, comme les galets, sont travaillés par le passage de l’eau et du temps. 6

Récemment, avec son fils Sean Lennon (1975, New York), elle a dirigé une plateforme pour dénoncer les graves atteintes à l’environnement et les risques pour la santé liés au fracking, une méthode d’extraction de gaz à partir de l’injection sous pression d’eau et de composés chimiques dans la roche.

  1. Takiguchi (1931) cité dans Alexandra Munroe. « Spirit of YES: The Art and Life of Yoko Ono ». Cat. Exp. YES YOKO ONO dans la Japan Society Gallery, New York, (18 oct. 2000-14 fév. 2001), p. 32.
  2. Munroe. « Spirit of YES: The Art and Life of Yoko Ono ». pp. 31-32.
  3. Ingrid Pfeiffer. « Bringing the World into Balance ». Cat. Exp. Yoko Ono. Half. A. Wind show. A Retrospective. Musée Guggenheim Bilbao, (14 mars 2014 – 31 août 2014), pp. 32-33
  4. Alexandra Munroe. « Spirit of YES: The Art and Life of Yoko Ono ». Cat. Exp. YES YOKO ONO dans la Japan Society Gallery, New York, (18 oct. 2000–14 fév. 2001), p. 28.
  5. www.imaginepeace.com/archives/16052/comment-page-1
    www.liverpoolbiennial.co.uk/whatson/past/all/233/my-mummy-was-beautiful
  6. Pablo J. Rico. « Seduction of the Gaze and Life Experience in the work of Yoko Ono ». Cat. Exp. YES YOKO ONO dans la Japan Society Gallery, New York, (18 oct. 2000-14 fév. 2001), pp. 265-266.

Preguntas

Observez les œuvres Rayons du matin (Morning Beams, 1996/2014) et Lit de rivière (River Bed, 1996/2014).

Décrivez les éléments qui les composent et comment ceux-ci sont disposés dans la galerie. En regardant ces œuvres, quelles idées ou sensations vous provoquent-elles ? De quoi les rapprocheriez-vous ?

Les cordes en nylon représentent les rayons du soleil et les pierres évoquent le lit de la rivière. Quel lien trouvez-vous entre les pierres et les rayons de lumière ? En quoi se ressemblent-ils ? En quoi se distinguent-ils ? À votre avis, pourquoi l’artiste a-t-elle choisi ces deux matériaux ?

La pierre, en dépit du fait d’être une entité inanimée, peut nous donner de nombreuses pistes sur la vie qui s’est formée autour d’elle. Parlez en classe de la façon dont une pierre peut nous renseigner, par exemple, sur la vie et le passage du temps.

Observez la silhouette que forme le tas de pierres. Avec quoi pourrait-on le rapprocher ? Vous pouvez en faire le dessin au tableau et discuter des possibilités.

Parfois, Ono permet aux visiteurs de modifier la position des pierres dans un exercice de réflexion et de mémoire. Chaque pierre est à comprendre comme l’expression du souvenir de bons et de mauvais moments. De quelle autre façon aimeriez-vous placer les pierres ? Dessinez à nouveau au tableau les idées des élèves et analysez ensemble comment cette nouvelle distribution modifie la signification.

Ono est une militante de la défense de l’environnement et à travers ses œuvres elle nous avertit de l’importance de soigner notre planète. À partir de cette œuvre, inventez ensemble un slogan ou un discours reflétant cette préoccupation pour l’environnement.