Ai wei wei

Ai Weiwei, Conte de fées (Fairtale)

Projet d’échange culturel organisé par Ai Weiwei consistant à faire venir à Kassel 1 001 citoyens chinois de toutes conditions recrutées par le moyen d’Internet à l’occasion de la Documenta 12

 

 

 

 

 

Laisser tomber par terre une urne de la dynastie Han (Dropping a Han Dynasty Urn), 1995. Trois épreuves à la gélatine d’argent, 148 x 121 cm chacune. Courtoisie Ai Weiwei Studio © Ai Weiwei.

“Elle n’est impressionnante que parce que quelqu’un pense qu’elle est impressionnante et donne de la valeur à l’objet.” [1]

Artiste, penseur et activiste, Ai Weiwei est né à Beijing en 1957 et sa jeunesse s’est déroulée dans des circonstances difficiles. Son père, le poète Ai Qing, persécuté par le gouvernement communiste chinois, est exilé dans une lointaine province occidentale. Plus tard, après la mort de Mao Zedong en 1976, il sera reconnu comme grand poète national. En 1981, Ai s’installe à New York, où il étudie les arts plastiques et commence à travailler comme artiste. Il s’intéresse beaucoup aux readymades de Marcel Duchamp —objets trouvés d’usage quotidien élevés à la catégorie d’art— et à leur critique voilée des systèmes de valeurs culturelles. En 1993, apprenant que son père est malade, il revient en Chine.

Une des pièces les plus célèbres d’Ai, Laisser tomber par terre une urne de la dynastie Han (Dropping a Han Dynasty Urn) (1995), incorpore ce que Ai a appelé un readymade culturel. L’œuvre montre Ai laissant tomber une urne cérémonielle vieille de 2 000 ans en permettant qu’elle se fracasse sur le sol juste à ses pieds. Il ne s’agit pas seulement ici de la considérable valeur économique de l’objet, mais aussi de sa valeur symbolique et culturelle. La dynastie Han (206 av. J.C.–220 ap. J.C.) est considérée comme une ère déterminante dans l’histoire de la civilisation chinoise, et briser délibérément un objet iconique de cette période équivaut à se vouloir se débarrasser de tout un patrimoine d’une grande importance culturelle pour la Chine [2]. Avec cette œuvre, Ai se lance dans le recyclage permanent d’objets anciens readymade, décidé à tout remettre en question sur qui crée et comment se créent les valeurs culturelles.

En 2007, Ai Weiwei est invité à participer à la documenta 12, l’une des plus importantes expositions d’art moderne et contemporain au monde, qui se tient à Kassel, en Allemagne, tous les cinq ans. L'artiste, à travers une annonce publiée sur son blog, a invité 1 001 citoyens chinois à vivre leur propre « conte de fées » en Allemagne. Il a reçu plus de 3 000 demandes en trois jours. En Chine, il est extrêmement difficile d’obtenir un passeport, et plus encore un visa pour se rendre à l’étranger. Ai Weiwei a recruté des concitoyens de toutes conditions originaires de plus d’une vingtaine de provinces de Chine : ouvriers, agriculteurs, membres de minorités, gendarmes, gardiens de prison, artistes, étudiants, enseignants, etc. Il organise le voyage de ces mille et un chinois jusqu’à la ville berceau des frères Grimm, leur fournissant visas et hébergement. Le Ai Weiwei Studio a même conçu les bagages et toutes les pièces nécessaires pour les participants et leur a fourni un bracelet muni d’un USB avec des informations sur le projet et qui leur permettait d’accéder aux expositions. Pour ce projet, Chacune de ces personnes a été photographiée et interviewée avec un questionnaire de 99 questions. Il a créé ainsi un portrait d’une communauté utopique éphémère.

 

Preguntas

Visitez avec vos élèves Conte de fées au Musée, une pièce qui documente ce projet participatif organisé par Ai Weiwei pour la Documenta 12. Demandez aux élèves de découvrir et de décrire les éléments de cette œuvre. Quels aspects sont, selon eux, les plus significatifs ? Pourquoi ?

Ai Weiwei s’est servi d’Internet pour développer ce projet collectif et participatif qui a permis a mille et un compatriotes qui rêvaient de faire un voyage en dehors de la Chine d’accomplir leur rêve. D’après vos élèves, quel type de difficultés a-t-il pu rencontrer pour mener à bien ce projet ?

Montrez en classe les photographies d’Ai en train de laisser tomber une urne de la dynastie Han de 2 000 ans d’âge reflètent un moment où la tradition fait l’objet d’une remise en question par de nouvelles valeurs. Certains peuvent voir ici un acte de pur vandalisme, tandis que d’autres le verront comme une manifestation artistique qui conteste le statu quo. Commentez et débattez ces questions avec les élèves. Quels aspects de la tradition, selon eux, doivent-ils être préservés ? Et quelles sont les traditions qu’il faudrait réexaminer et actualiser ?