image

Antoni Tàpies, Grande peinture (Gran pintura), 1958

Ce que j'essaie de faire, c'est de créer des images qui conduisent le spectateur à considérer la réalité de façon plus contemplative1.

L'Art Informel (ou « art sans forme ») a été une approche de l'abstraction qui est apparue dans l'après-guerre pour rompre définitivement avec la tradition artistique à partir de méthodes informelles, improvisées et gestuelles. Ce courant a aussi été baptisé Tachisme, du mot tache. Dans les années qui ont suivi la guerre, ce mouvement s'est répandu en Europe et a même atteint le Japon. Il se caractérise essentiellement par un style pictural gestuel et par l'utilisation sur la toile de matériaux peu traditionnels.

Antoni Tàpies (1923-) a souvent été considéré tachiste car ses accumulations de couleurs semblent aléatoires, comme des taches. Il a également employé des matériaux modestes et peu conventionnels, comme du sable, de la ficelle, des chutes ou de la paille, suggérant ainsi que la beauté peut se trouver dans ce qui est petit, inattendu et quotidien.

Pour créer Grande peinture (1958) Tàpies a pu s'inspirer des murs couverts de slogans de protestation qu'il a vus dans sa jeunesse en Catalogne pendant le franquisme. Réalisée à l'huile et parsemée de sable, la toile étale une surface grossière et abîmée, trouée et déchirée, qui rappelle un mur endommagé par le temps2.

1 Antoni Tàpies. Ambrosia, 1989, Musée Guggenheim Bilbao, La Collection : La Collection Propre, dernier accès : 29 juin 2011.
2
Antoni Tàpies. Gran pintura, 1958, Solomon R. Guggenheim Museum, Collection en ligne, dernier accès : 29 juin 2011.

Preguntas

  • Observez ensemble Grande peinture d’Antoni Tàpies. Que perçoivent les élèves ? Quelles questions leur suggère-t-elle ? Ils peuvent se demander, par exemple, avec quels matériaux elle est confectionnée, quelle est sa dimension ou quelle sensation elle peut avoir au toucher.
  • Tàpies est considéré comme un artiste appartenant à l’art dit Informel, dénomination d’un mouvement européen de l’après-guerre qui signifie « art sans forme ». Discutez ce terme avec vos élèves. De quelle façon peut-il s’appliquer à cette toile ? Tàpies a aussi été étiqueté de tachiste (du mot tache) parce que ses accumulations de couleurs semblaient aléatoires. Demandez à vos élèves dans quel sens ils utiliseraient ce terme pour définir cette œuvre.
  • Tàpies était connu pour son utilisation de matériaux humbles et peu conventionnels, comme la craie moulue, le marbre concassé, des fragments de journaux et des tissus1. Ces éléments étaient gratuits et souvent des rebuts de l’activité humaine. Pourquoi, à leur avis, un artiste utilise-t-il ces matériaux ?
  • Pour réaliser cette œuvre, Tàpies a couvert la toile d’une couche de vernis et, avant qu’il ne sèche, a répandu dessus de la poudre de marbre, du sable, des pigments et d’autres matériaux. Puis il a appliqué de la peinture en divers endroits, créant ainsi une figure, ou peut-être une tache. Quand les dernières couches ont séché, le matériel s’est craquelé2. La classe doit réfléchir sur le processus de création de l’artiste et débattre des impressions qu’il cause sur le spectateur. Quel aspect donnent à la toile les matériaux, les couleurs et le processus employés ? À quoi ressemble-t-elle ? Quel état d’esprit transmet-elle ?
  • Les critiques d’art ont observé que cette œuvre ressemble à ces murs couverts de graffiti que Tàpies a peut-être vu en Espagne pendant la dictature de Franco. Tàpies a défini les murs comme des « témoins du martyre et de la souffrance inhumaine causés à notre peuple »3. Demandez à vos élèves de parler sur cette citation. Pourquoi, à leur avis, a-t-il décrit les murs comme des « témoins » ? Avec la citation en tête, faites-leur regarder à nouveau Grande peinture pour qu’ils réfléchissent à ce qu’elle peut représenter.4

1 Antoni Tàpies, Museum of Modern Art, The Collection, dernier accès : 29 juin 2001.
2 Colección, Fundació Antoni Tàpies, dernier accès : 29 juin 2011.
3
Antoni Tàpies. Gran pintura, 1958, Solomon R. Guggenheim Museum, Collection en ligne, dernier accès : 29 juin 2011.