david smith

Cage d’étoiles (Star Cage), 1950

David Smith
Cage d’étoiles (Star Cage), 1950
Acier peint et brossé
114 x 130,2 x 65,4 cm
The Frederick R. Weisman Art Museum, University of
Minnesota, Minneapolis.
The John Rood Sculpture Collection.
© The Estate of David Smith, VAGA, New York / VEGAP, Bilbao, 2016

« Si vous me demandez pourquoi je me consacre à la sculpture, mon devoir est de vous répondre que c’est mon mode de vie, mon équilibre et la justification de mon existence. » David Smith, 1947–52[1]

À l’issue de ses études secondaires, à 19 ans, David Smith (Decatur, Indiana, États-Unis, 1906−Bennington, Vermont, États-Unis, 1965) entre dans une usine automobile où il apprend le métier de soudeur-riveteur et se forme au maniement des outils de forge. Mais passionné par l’art, il s’installe en 1926 à New York pour étudier les Beaux-Arts à l’Art Student League. Là, encouragé par ses professeurs, Smith commence à incorporer des matériaux tridimensionnels dans ses peintures, créant des collages et des œuvres en relief. Ces éléments qu’il ajoute se font de plus en plus volumineux et protubérants, au point que ses toiles ne sont plus qu’une simple base pour des peintures transformées en sculptures[2].

Vers 1929, Smith est impressionné par les reproductions de plusieurs sculptures en fer de Picasso dans le magazine Cahiers d’art. C’est alors que son travail connaît un tournant radical avec l’abandon de la notion traditionnelle de sculpture modelée ou taillée autour d’un noyau central. Se tournant vers les objets trouvés, comme Picasso, il élabore avec eux des constructions dans lesquelles un réseau de lignes et de plans entrelacés ouvre des espaces creux au cœur de la pièce[3]. Smith réalise ses travaux à base de matériaux de récupération qu’il façonne à la forge sur une enclume ou au chalumeau, produisant ainsi celles qui sont probablement les premières sculptures en métal soudé des États-Unis[4]. L’artiste se sert du métal, qui, pour lui, représente le progrès et l’industrialisation pour son travail aussi bien figuratif qu’abstrait[5]. Bien qu’habituellement l’expressionnisme abstrait soit associé à la peinture, ce mouvement a également attiré quelques sculpteurs dont le travail a remis en cause les conventions traditionnelles de leur médium. Smith, en tant qu’il peut être inclus dans cette catégorie, est considérée comme étant l’un de ces rares sculpteurs.

En avril 1950, Smith obtient une bourse de la Fondation Guggenheim qui le libère de l’enseignement et d’autres travaux secondaires. En lui permettant aussi d’acheter du matériel pour se lancer dans le grand format, elle ouvre une période particulièrement féconde. Cette même année, il crée Cage d’étoiles, une sculpture dans laquelle se manifeste un fort contraste entre la forme organique qui coule sans effort et le matériau industriel rigide avec lequel elle est construite : l’acier. Smith voulait que ses œuvres soient des « dessins dans l’espace ». Cage d’étoiles est une pièce dans laquelle se brouillent les limites entre la bidimensionnalité et la tridimensionnalité. L’œuvre est construite à partir de tiges d’acier façonnées qui tracent des lignes dans l’espace avec des saillants dynamiques et des encoches aux intersections. Les tiges reliées entre elles de façon à créer des plans aussi bien verticaux qu’horizontaux activent l’espace et conduisent le spectateur à regarder à travers la pièce, transformant ainsi l’espace vide en partie intégrante de l’œuvre.

Smith voulait que sa sculpture soit perçue comme quelque chose d’actif, comme un espace changeant et toujours en mutation créé par le spectateur qui fait le tour de l’œuvre, regarde à travers elle, tout autour d’elle, créant ainsi un ensemble de relations spatiales négatives et positives[6]. L’œuvre n’invite pas à une vision dominante, frontale, unique, mais plutôt à une séquence changeante de possibilités que permet sa contemplation sous différents angles. Ainsi elle se déploie et se replie en même temps que le spectateur la contemple. Cage d’étoiles engendre un jeu de lignes et de plans qui suggèrent une constellation d’étoiles, un modèle abstrait d’agglomérations mystérieuses d’éléments qui peuvent s’interpréter comme des molécules ou des corps astraux[7]. Dans son œuvre, Smith reflète la complexité des configurations d’étoiles, qui, dans le ciel nocturne, semblent être disposées sur un plan. En s’inspirant du cosmos, l’artiste choisit le matériau et la méthode qui l’aident le mieux à capter ces impressionnantes constellations[8].

 

Preguntas

Observez la sculpture Cage d’étoiles. Que voyez-vous ? Quels termes utiliseriez-vous pour la décrire ? Pouvez-vous expliquer comment est sa forme ? Qu’est-ce qui attire d’abord votre attention dans l’œuvre ?

Cage d’étoiles est une construction en acier peint et brossé. Qu’associez-vous à l’acier ? Quelles sont les caractéristiques de ce matériau ? Quelles qualités vous suggère-t-il ? Quelles techniques a-t-il selon vous utilisées pour la construire ? Décrivez les étapes qu’a suivies l’artiste. Pourquoi à votre avis a-t-il choisi de peindre une partie de sa sculpture ?

Pour Smith, l’acier représente le progrès et l’industrialisation. Pourquoi à votre avis a-t-il choisi ce matériau ? Que pensez-vous qu’il veut transmettre dans ce travail ? Au lieu de tailler ou de sculpter ses œuvres suivant les conventions de l’art tridimensionnel de l’époque, Smith se consacre à souder plusieurs pièces. Quels avantages et quels inconvénients voyez-vous dans cette façon de travailler ?

Smith travaille l’acier soudé pour produire ce qu’il appelle des « dessins dans l’espace »[9]. De quelle façon à votre avis le dessin et la sculpture sont-ils liés ? Pensez-vous qu’avec son œuvre Smith parvient à dessiner l’espace ? De quelle façon ?