Gillian Wearing, Autoportrait comme mon oncle, Bryan Gregory (Self-Portrait as My Uncle Bryan Gregory), 2003
"J'essaie toujours de trouver la façon de découvrir des choses sur les gens et, ce faisant, je me découvre moi-même."6
Gillian Wearing, Autoportrait comme mon oncle, Bryan Gregory (Self-Portrait as My Uncle Bryan Gregory), 2003
Le territoire artistique de Gillian Wearing (Birmingham, Royaume-Uni, 1963) est la photographie documentaire et plus précisément le portrait. Dans ses œuvres, elle explore les différences entre la vie publique et la vie privée, l'individu et la société, le voyeurisme et l'exhibitionnisme, la fiction et la réalité7. Elle a été classée parmi les Young British Artists, qui ont atteint une renommée internationale avec des œuvres souvent surprenantes, voire même scandaleuses.
Les vidéos et les photographies de Wearing enregistrent une grande variété de personnes et révèlent la complexité des relations humaines. Certaines œuvres se centrent sur des parents et des amis ; d'autres, en revanche, sur des inconnus : SDF (hommes, femmes et enfants), victimes d'abus, alcooliques et autres toxicomanes. Dans les œuvres sur ses parents, elle enquête sur les dynamiques familiales. "J'étais intéressée par l'idée d'être génétiquement connectée à quelqu'un, tout en étant très différents. Réellement, il y a quelque chose en moi dans toutes ces personnes ; nous sommes connectés, mais nous sommes très différents"8, a-t-elle ainsi déclaré.
Autoportrait comme mon oncle, Bryan Gregory (2003) fait partie de la série Album, qui consiste en sept clichés autobiographiques dans lesquels l'artiste reconstruit d'anciennes instantanées de parents. Pour reproduire ces photographies de son grand-père, sa mère, son père, son oncle et son frère quand ils étaient adolescents ou jeunes adultes, elle s'est caractérisée comme eux : après avoir réalisé des masques de chacun d'eux, elle s'est masquée avec, puis, avec la tenue, le maquillage, les accessoires et l'éclairage appropriés, elle s'est photographiée elle-même. Pour confectionner les masques, elle a fait appel à des spécialistes qui les ont moulés, sculptés, peints et même ornés de cheveux.
Wearing commence le processus de création des masques en réalisant des modèles en plâtre qui transforment une photographie en deux dimensions en un masque tridimensionnel ; puis, avec avec une équipe d'assistants, elle construit un masque en silicone qu'elle porte ensuite. Il s'agit d'un processus cher car la production d'un masque coûte plus de 11.600 € et quarante rouleaux de pellicule sont nécessaires pour capter l'image parfaite9.
6. Consky, Lauren, "Gillian Wearing's Facial Features," The McGill Tribune, mardi 18 mars 2003
7. Solomon R. Guggenheim Foundation, Collection Online: Gillian Wearing
8. Solomon R. Guggenheim Foundation, guide pour les enseignants: Gillian Wearing, Trauma and the Uncanny, (cité in Jennifer Bayles, "Acquisitions: Gillian Wearing," Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, NY, [dernier accès 25 janvier 2010].)
9. Matt Lippiatt, "Keeping it in the Family: Gillian Wearing interview," The Times, Royaume-Uni, 3 octobre 2006
Preguntas
- Faites que les élèves regardent attentivement la photo. Que perçoivent-ils ?
- L’œuvre s’intitule Autoportrait comme mon oncle, Bryan Gregory. A leur avis, pourquoi l’artiste l’a-t-elle appelé autoportrait? Comment est-ce possible ? En quoi ressemblez-vous aux membres de votre famille ? Par quels aspects êtes-vous une personne unique ?
- Expliquez à la classe que l’artiste a reconstruit de vieilles photographies de personnes de sa famille et d’elle-même quand elle était bébé et adolescente et que pour le faire elle a utilisé des masques, des vêtements, du maquillage, des accessoires et un éclairage approprié. Demandez aux élèves de regarder à nouveau l’image et de poursuivre le débat ouvert précédemment. S’ils regardent attentivement, ils pourront voir les yeux de l’artiste, la preuve que c’est elle qui est sous le masque. Que ressentent-ils en s’en rendant compte ? Comment réagissent-ils devant l’oeuvre ? Le fait de connaître le procédé de création et de savoir que Gillian Wearing se cache sous le masque change-t-il leur perception et leur opinion sur la photographie ?