Laisser le traumatisme derrière

Galerie 204 et 205

La société était effectivement traumatisée par l'absence d'ennemi visible, par une guerre d'usure sans fin conjuguée au pouvoir anonyme et destructeur des armes fabriquées industriellement. Alors que la guerre se poursuivait, la présence d'un virus de la grippe — dénommé "grippe espagnole" parce que la presse espagnole, non soumise à la censure, fut la première à en parler — se répandit dans le monde entier : de 1918 à 1920, l'épidémie décima plusieurs millions de personnes. Cette période se caractérise par un sens de la réalité façonné par un monde de plus en plus fragmenté et accéléré, décrit par le peintre Fernand Léger en 1924 dans les termes suivants : "Il n'y a jamais eu d'époque aussi avide de spectacle que la nôtre. [...] Ce fanatisme, ce besoin de distraction à tout prix, sont des réactions inévitables face à la vie que nous menons, dure et pleine de privations [...] une course vers la perfection". L'énumération de toutes les innovations majeures de cette décennie dépasse le cadre de cette exposition, bien que cinq de ses volets proposent des approches sur le sujet. Il faut mentionner en particulier l'une des découvertes les plus importantes : la mécanique quantique, une discipline fortement influencée par les travaux de Werner Heisenberg, Max Born et Niels Bohr. Dans ce domaine, ce qui importe n'est pas la construction de l'atome, mais les processus qui l'accompagnent. Ainsi, des concepts supposés immuables, tels que l'identité, la causalité et l'objectivité, cèdent la place à l'ambivalence, au hasard et à l'incertitude.