PEINDRE LA VIOLENCE
SALLE 305
"Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon œuvre tout au long de ma vie."
Lorsqu’au milieu des années 1950, Niki de Saint Phalle décide de consacrer sa vie à l’art, elle choisit d’être autodidacte. De nombreux voyages en Europe, et la fréquentation du milieu artistique et littéraire parisien, ainsi que des expatriés américains, font très vite d’elle une artiste cultivée et au fait de l’art de son temps. À la fin des années 1950, elle exécute une série de tableaux de grand format qui associent deux cultures visuelles : d’un côté celle de la vieille Europe, où l’histoire se confronte aux nouvelles avant-gardes, de l’autre les avancées les plus frappantes de l’art américain. La perspective large et aplatie de ses grands tableaux est inspirée du Trecento italien, leur surface épaisse rappelle celle des « matiéristes » Jean Fautrier et Jean Dubuffet, leurs ciels noirs et blancs parsemés de taches de peinture évoquent les « dripping » de Jackson Pollock, les objets qui y sont fixés font penser aux « Combine paintings » des Américains Jasper Johns et Robert Rauschenberg. D’une œuvre à l’autre coexistent aussi deux atmosphères contradictoires, que l’œuvre de Saint Phalle va réconcilier sans cesse : la violence et le chaos d’un côté, le jeu et la joie de vivre de l’autre.