PEINTURES

SALLE 203

Dans la peinture de Giacometti les portraits prédominent, principalement de ses êtres chers, comme son frère Diego, son épouse Annette, sa dernière maîtresse Caroline et quelques amis intellectuels. Lors des séances de pose, il soumet ses modèles à de longues séances de travail et leur exige de rester parfaitement immobiles dans une quête infructueuse de ressemblance totale.

À partir de 1957 il peint ses portraits en superposant des couches de couleur et des coups de pinceaux qui suggèrent des œuvres presque sculpturales. Toutefois, l’artiste estime qu’il ne parvient pas encore à représenter la réalité : « Mes peintures sont des copies non réussies de la réalité. Et je me rends compte, dans mon travail, que l’écart entre ce que je fais et la tête que je veux représenter est toujours le même ». Cette frustration porte Giacometti à se concentrer sur son travail de manière obsessionnelle et parfois à détruire ou refaire ses œuvres. Son ami le poète Jacques Dupin décrit le processus de la façon suivante : « Oui, c’est le mien [mon visage], mais c’est aussi celui d’une autre personne qui, de loin, surgit des profondeurs et recule dès que nous essayons de l’attraper. L’infinie question du modèle lui enlève, en fin de compte, tout ce qu’il connaît pour révéler ce qu’il ne connaît pas, l’inconnu que libèrent les profondeurs ».

Les portraits de Giacometti sont, en général, d’une quiétude étouffante avec leurs fonds de couleur terre et gris, inachevés, sillonnés de verticales et d’horizontales qui encadrent les œuvres, et qui renvoient, comme les lignes sculpturales des cages, au confinement. Giacometti a dit d’eux : « Soudain, j’ai eu la sensation que tous les évènements se produisaient simultanément autour de moi. Le temps se faisait horizontal et circulaire, il était en même temps espace, et j’ai essayé de le dessiner ».