Non exposée actuellement

La chambre de la mère

1995–97Huile et peinture à la détrempe sur lin
17 panneaux

Vers 1980, Francesco Clemente fut l'un des jeunes peintres qui décida de se libérer de l'abstraction stérile du Minimalisme et du matérialisme humble de l'Arte Povera, des mouvements artistiques qui avaient proclamé que la peinture, et en particulier la peinture figurative, était révolue. La renaissance de la peinture qui commença en Italie provoqua un bouleversement stylistique international qui se prolongea durant les années 1980 et atteignit des artistes comme Georg Baselitz, Anselm Kiefer et Julian Schnabel. Ce mouvement, qu'on connaît en général sous le nom de Néo-expressionnisme, revitalisa la peinture et récupéra l'expression individuelle grâce à l'utilisation de couleurs sensuelles, de la technique du geste, du contenu narratif et de la figure humaine à grande échelle.

La chambre de la mère (La stanza della madre) fut commandée pour l'inauguration du Musée Guggenheim Bilbao. Ce groupe de 17 panneaux évoque les décorations murales de grand format des palais du Moyen-âge et de la Renaissance. Comme cela arrive souvent avec les créations de Clemente, on retrouve ici des éléments déjà utilisés dans des œuvres antérieures. Les motifs récurrents de l'artiste rendent difficile toute lecture strictement linéaire de l'évolution stylistique de son œuvre et servent de lien visuel d'une œuvre à l'autre. Les références aux forces élémentaires — terre, eau, feu et air — se combinent au symbolisme issu de la culture indienne, de la tradition religieuse et de l'astrologie. Dans La chambre de la mère, Clemente a utilisé comme toile un rideau de scène des années vingt. Les ravaudages et le dessin décoloré du fond servent de base à sa composition, renforçant le lyrisme de l'œuvre. Le vocable italien « stanza » dans le titre original de l'œuvre fait référence aux stanze, ou cabinets des palais de la Renaissance, où se réfugiaient ceux qui fuyaient l'agitation du monde extérieur.

Le vocabulaire métaphorique de Clemente est profondément ancré dans le corps. Les multiples variations de l'artiste sur la forme humaine signalent sa primauté comme symbole de sa vision du monde. Le corps, à la fois tout et partie, liberté et contrainte, est, pour Clemente, le véhicule par excellence pour exprimer les dualités de la vie, notamment dans les nombreux portraits et autoportraits qui jalonnent sa carrière. Souvent, les yeux et les organes génitaux sont hypertrophiés car, pour l'artiste, ces organes si sensibles fonctionnent comme des canaux entre le monde intérieur de la psyché et le monde extérieur de la nature et de la culture. Artiste aux profondes racines en Italie, en Amérique et en Inde, Clemente a toujours eu recours à des éléments de cultures étrangères et de la sienne propre pour explorer l'interconnexion entre le moi et son environnement.

Titre original

La stanza della madre

Date

1995–97

Technique / Matériaux

Huile et peinture à la détrempe sur lin

Plus d’infos

10 panneaux : 239 x 480 cm 2 panneaux : 360 x 480 cm 2 panneaux : 90 x 518 cm 2 panneaux : 90 x 400 cm 1 panneau : 119 x 480 cm

Dimensions

17 panneaux

Crédit

Guggenheim Bilbao Museoa

Perspectives

La chambre de la mère de Francesco Clemente

Le styliste Alejandro Gómez Palomo et la curatrice Maite Borjabad nous guident à travers les multiples éléments symboliques de l’œuvre énigmatique La chambre de la mère (La stanza della madre, 1995–97) de Francesco Clemente, constituée de 17 panneaux rappelant les peintures murales ornementales des palais du Moyen- ge et de la Renaissance.