3 enero1

3 janvier

3 janvier (January 3), 1993
Huile sur lin, 199,4 x 393,7 cm
Collection particulière, Londres
© VEGAP, Bilbao, 2015

«Je crois que le grand changement s’est produit en 1957, quand j’ai commencé à peindre Ada constamment. J’éclaboussais la peinture et je voyais si j’arrivais à bien capter l’expression de ses yeux et ce genre de choses. Cela m’a toujours semblé être quelque chose de très difficile. Quand j’ai commencé à le faire, je n’arrivais pas à faire en sorte que le portrait soit ressemblant, je ne captais pas bien l’expression des yeux. J’ai dû repenser tout mon style pictural à ce moment-là. Et il m’est venu à l’idée que… si je peignais bien Ada, si on peint bien quelqu’un —si on peint bien une femme ou un homme— le résultat est quelque chose d’universel. Que diable !» (1)

 

INTRODUCTION 

Alex Katz (Brooklyn, New York, 1927) est déjà un artiste célèbre quand il fait la connaissance d’Ada Del Moro au vernissage de l’une de ses expositions en 1957. Del Moro est alors une chercheuse en biologie qui étudie en Europe. Le coup de foudre est mutuel et ils se marient une année plus tard. Avec Ada comme modèle, muse et compagne, Katz commence à se tourner vers le portrait et à augmenter la taille et l’échelle de ses peintures. Il met au point un style de portrait nouveau et audacieux qui combine le réalisme et l’abstraction, en plaçant le modèle de face et en le représentant de façon réaliste sur un fond  abstrait et monochrome (2).

Dès le début de leur relation, Ada a accompagné Katz dans sa volonté d’explorer de nouvelles voies dans le portrait moderne. Katz la peint directement, et non à partir de photographies. Elle apparaît réitérativement dans ses toiles et dans différentes poses, avec divers attributs et dans un environnement qui varie. Elle apparaît seule ou, souvent, avec des amis, montrant des personnalités différentes ou posant selon la mode du moment. Katz travaille rapidement en commençant par une esquisse rapide, normalement, sur un panneau peint à l’huile qu’il transfère ensuite sur une grande toile. Son but est de capturer l’instant de la perception qui survient quand nous voyons quelque chose (3). Il est convaincu que s’il devait revenir à la peinture et travailler dessus plusieurs fois, il perdrait cette sensation d’immédiateté (4).

3 janvier est un bon exemple de cette technique. Peinte en 1993, cette toile combine la façon dont Katz traite à la fois le paysage et le portrait. Au centre de l’œuvre apparaît un portrait découpé d’Ada flanqué d’une scène de bois et de brouillard en hiver. Il a d’abord réalisé une esquisse à l’air libre, puis, dans son atelier, il a créé l’œuvre proprement dite à grande échelle en une seule séance de cinq heures (processus filmé par le fils de Katz, Vincent, et sa belle-fille, Vivien Bittencourt).

Katz a raconté ce processus : “Tout a commencé au cinéma. J’étais à Film Forum et ils projetaient un film russe. Des gens marchaient sur un sentier flanqué d’arbres. J’ai pensé que c’était une image parfaite pour une peinture d’hiver. Je suis donc allé au parc devant la mairie et j’ai peint à l’extérieur. C‘était une froide journée d’hiver, l’atmosphère était un peu dense et le soleil essayait de se frayer un passage. Je l’ai peinte à l’air libre. J’ai beaucoup aimé cette image et j’ai alors demandé à Ada de venir et j’ai fait une esquisse. J’ai commencé avec un paysage relativement petit et ensuite j’en ai fait un plus grand parce qu’il me semblait qu’un grand format serait bien. J’ai pensé aux divisions. Simplement cela m’a semblé une idée intéressante” (5).

 

1. http://www.aaa.si.edu/collections/interviews/oral-history-interview-alex-katz-12448

2.  Jill Berk Jiminez et Joanna Banham, Dictionary of Artists' Models (Chicago: Fitzroy Dearborn Publishers, 2001), p. 291.

3. http://www.vogue.com/13275846/alex-katz-high-museum-january-3-artsplainer

4. Ibid.

5. Ibid.

Preguntas

Montrez à vos élèves 3 janvier (1993): Que se passe-t-il dans cette peinture ? Que voient-ils dans cette scène ? Où pensent-ils que se trouve le modèle ?

Observez le personnage qui apparaît dans la peinture. Que dit de cette personne l’expression de son visage ? Comment à leur avis se sent-elle ? Qu’est-ce qu’elle peut être en train de penser ? Qu’est-ce qui leur fait croire cela ?

Son regard est fixement posé sur le spectateur. Si vous deviez nouer une conversation avec elle, que lui demanderiez-vous ? Comment se déroulerait le dialogue ?

À première vue, la peinture de Katz peut paraître un triptyque mais il s’agit en fait d’une seule toile divisée en trois zones. En la regardant de plus près, les composantes de la peinture se fondent en un tout. Comment relie-t-il les trois sections ?

Katz démarre en ébauchant l’idée sur un petit panneau. Ensuite il reporte l’esquisse sur une grande toile en dessinant directement dessus. Il peint rapidement et termine souvent la peinture en une seule séance. Pendant les cinq heures qu’a duré la peinture de 3 janvier, de 199,4 x 393,7 cm, son fils Vincent et sa belle-fille Vivien Bittencourt ont filmé le processus. Le film est sans dialogue. Vous pouvez en voir un extrait à l’adresse : http://www.films.com/ecTitleDetail.aspx?TitleID=19314&r=. Qu’avez-vous appris de la façon dont Katz travaille ? Racontez ce qui vous a semblé intéressant ou surprenant.