cell VII 3265 CB 2 LG

Cellule VII

Louise Bourgeois
Cellule VII
(Cell VII), 1998
Métal, verre, vêtements, bronze, acier, bois, os, cire et fil, 207 x 221 x 210,8 cm
Collection particulière, courtoisie Hauser & Wirth.
Photo : Christopher Burke, © The Easton Foundation/VEGAP, Madrid

« Mes souvenirs m’aident à vivre le présent, et je veux les conserver. Je suis prisonnière de mes émotions. Tu dois raconter ton histoire, et tu dois l’oublier. Tu oublies et tu pardonnes. C’est libérateur. »

—Louise Bourgeois[1]

Louise Bourgeois (Paris, 1911–New York, 2010) a mené une longue carrière artistique qui s’est développée sur presque un siècle. Au cours des vingt dernières années de sa vie, elle produit différentes œuvres en utilisant, en réutilisant et en transformant des objets de toute sorte, divers types d’éléments architecturaux et même ses effets personnels. Pendant cette période, elle consacre une bonne part de son énergie à créer une série d’espaces aussi évocateurs qu’inquiétants, semblables à des habitacles[2]. Bourgeois a baptisé ces installations Cellules (Cells). Le terme anglais cell signifie, d’un côté, « cellule », suscitant par là des associations avec l’emprisonnement et la contemplation monacale ; et, de l’autre, il désigne la cellule biologique d’un organisme vivant, qui est l’élément le plus élémentaire du corps humain.

La première Cellule qu’elle crée, en 1989, mélange divers matériels de construction récupérés, comme de vieilles portes et fenêtres, le grillage métallique et le verre, combinés avec des objets trouvés et d’autres réalisés par la propre artiste. Vers le milieu des années 1990, Bourgeois commence à incorporer des tissus à ses Cellules, et en particulier de vieux vêtements, principalement siens et de sa mère, qu’elle avait conservés des années durant.

À l’âge de 87 ans, Bourgeois crée Cellule VII (1998). La pièce consiste en un espace similaire à une pièce d’habitation, configuré à partir de vieilles portes en bois. Une de ces portes est ouverte et invite l’observateur à jeter un coup d’œil à l’intérieur, où sont présentés des meubles et des articles à forte charge émotionnelle pour l’artiste. Les Cellules ont été décrites comme « son œuvre la plus autobiographique »[3]. Chacun des objets que Bourgeois a réunis et exposés dans Cellule VII renvoie à son enfance et au métier de ses parents : une maquette de la maison de Choisy-le-Roi, au sud de Paris, où l’artiste a passé son enfance ; une araignée dans un coin, qui renvoie à la figure de sa mère ; des vêtements personnels suspendus à des porte-manteaux en forme d’ossement ; et une figure rosâtre dans un escalier en miniature qui semble percé d’aiguilles. Les objets en rapport avec la couture et le ravaudage utilisés par Bourgeois constituent un élément central de ses Cellules, car ils renvoient à ses parents, qui possédaient un atelier de restauration de tapisseries avec lequel l’artiste a collaboré depuis toute jeune. Dans Cellule VII, Bourgeois montre divers aspects de sa vie, créant ainsi un espace lourd d’émotion dans lequel elle s’efforce d’affronter et de transmuter sa propre histoire[4].

1. Gorovoy, Jerry et Tabatabai Asbaghi, Pandora (eds.), Louise Bourgeois, Fondazione Prada, Milan, 1997, quatrième de couverture.
2. http://pastexhibitions.guggenheim.org/bourgeois/exhibition.html
3. https://www.a-n.co.uk/reviews/louise-bourgeois
4. http://pastexhibitions.guggenheim.org/bourgeois/exhibition.html

 

Preguntas

Montrer : Cellule VII (1998)

Observez attentivement cette œuvre. Que remarquez-vous en premier lieu dans Cellule VII ? Faites une liste de cinq mots que vous utiliseriez pour la décrire.

Expliquez l’état d’esprit que transmet cette œuvre. Quels aspects de Cellule VII vous causent-ils cette impression ?

Imaginez que vous pouvez entrer dedans. Comment vous sentiriez-vous ? Où iriez-vous ? Si vous pouviez emporter un des objets, lequel choisiriez-vous et pourquoi ?

Imaginez d’autres façons de disposer les objets que celle choisie par Bourgeois. Comment changerait la signification ou la sensation que provoque l’œuvre en modifiant la façon de la présenter ?

Bourgeois affirmait que les vieux habits transmettent le souvenir de personnes, de relations et de lieux[5]. Que pensez-vous de cette idée ? Avez-vous un vêtement qui vous rappelle quelqu’un ou quelque chose qui a été important dans votre vie ? Si c’est le cas, où le gardez-vous ? L’utilisez-vous encore ? À quelle occasion ? Pourquoi l’utilisez-vous à ce moment-là ?

Lisez la citation suivante de Bourgeois : « Mes souvenirs m’aident à vivre le présent, et je veux les conserver. Je suis prisonnière de mes émotions. Tu dois raconter ton histoire, et tu dois l’oublier. Tu oublies et tu pardonnes. C’est libérateur »[6]. Que pensez-vous de cette affirmation et quel rapport, à votre avis, a-t-elle avec la pièce?

5. http://arttattler.com/archivebourgeois.html
6. Gorovoy et Asbaghi, quatrième de couverture.