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Connexions 1925/1983 - Orchestre III (Connections 1925/1983- Orchestra III), 1983

Connexions 1925/1983 - Orchestre III (Connections 1925/1983- Orchestra III), 1983
Sérigraphie
69,5 x 49,5 cm
The Josef and Anni Albers Foundation, Bethany, Connecticut

« Être créatif n’est pas tant le désir de faire quelque chose que celui d’écouter ce qui veut être fait : l’impératif des matériaux. » Anni Albers

Particulièrement connue pour son rôle pionnier dans le développement de l’art textile (ou Fiber Art), pour ses innovations dans le traitement des trames et pour sa quête permanente de motifs et de fonctions pour le tissu, Anni Albers (Berlin, 1899 – Orange, Connecticut, 1994) est une pièce essentielle de la redéfinition de la figure de l’artiste comme designer. Pendant sa carrière, outre sur le tissu, elle a travaillé sur les bijoux, le dessin et la gravure. Elle est également une théoricienne de l’art textile dont les textes sont aujourd’hui considérés fondamentaux pour comprendre l’évolution de ce type d’art, comme l’ouvrage intitulé On Weaving.

En 1963, alors qu’Anni accompagne son mari Josef Albers — qui était également artiste — à l’atelier de lithographie Tamarind de Los Angeles, elle découvre la gravure, une nouvelle technique qui va lui permettre d’approfondir l’expérimentation avec les formes qu’elle ne parvenait pas à développer avec les tissus. Albers trouve dans la gravure et ses multiples techniques un nouvel espace d’investigation visuelle. De plus, la gravure, en lui permettant de créer plusieurs exemplaires d’une même œuvre, lui ouvre le champ de la démocratisation de l’objet artistique en effaçant la fine ligne qui sépare l’art et le design. L’artiste trouve un parallélisme intéressant entre l’industrialisation du produit textile, qu’elle défend, et la technique de la gravure. Outre qu’elle tisse à la main, elle prépare de nombreux designs en vue de leur production ultérieure sur des métiers industriels, car elle est favorable à la production textile mécanique. Par son travail, Albers développe un double rôle pour les artistes textiles, centré, d’un côté, sur la production d’échantillons d’étoffes pour l’industrie, et, de l’autre, sur la création d’œuvres d’art textiles.

À partir de 1964 et jusqu’à la fin de sa vie, Anni Albers dédie quasiment toute son attention à l’œuvre graphique, retournant parfois au médium textile qu’elle n’abandonnera jamais complètement. Vers le milieu des années soixante-dix et  après la mort de son mari, elle tombe gravement malade, mais après une longue période d’hospitalisation, elle reprend la gravure. Elle revient à l’abstraction, même si, maintenant, le motif principal est une figure à quatre côtés dont elle réalise toutes sortes de variations pour la série de pièces qu’elle baptise Orchestre. Cette série s’inspire de l’assistance à un concert à l’Opéra de Berlin d’Anni et de sa sœur, encore en Allemagne, dans les années vingt. Entre autres images, les couleurs et les formes évoquent les instruments en cours d’accordement ou les élégantes robes de velours brodé des femmes qui assistent au concert. Dans toutes ces œuvres, l’artiste accentue les couleurs en jouant avec la presse, en appliquant l’encre en plusieurs tirages séparés et en rajoutant du vernis dans un second tirage pour faire en sorte que le noir de l’œuvre paraisse le plus intense possible.

Preguntas

Observez et décrivez Orchestre III (1983). Que voyez-vous? Décrivez comment Albers a utilisé la couleur dans ce travail. Vous transmet-elle un état d’esprit, un sentiment ou une sensation particulière? Cette palette ou combinaison de couleurs vous rappelle-t-elle quelque chose ?

Le titre de l’œuvre est Orchestre III (1983). De quelle façon la perception que vous avez de l’image change-t-elle maintenant que vous en connaissez le titre? Croyez-vous qu’Albers montre quelques-unes des qualités que peut avoir un orchestre ? Expliquez la réponse.

La série Orchestre évoque le moment où Anni et sa sœur, dans leur jeunesse, ont assisté à un concert à l’Opéra de Berlin vers 1920. Comment imaginez-vous qu’était la vie dans cette ville à cette époque ? Auriez-vous aimé être là? Comment selon vous étaient ces concerts? Comment s‘habillaient les gens pour aller à un concert? Quels sons, odeurs ou couleurs imaginez-vous qu’évoque l’artiste à travers son œuvre?

Pour Albers, une découverte fondamentale est qu’avec la gravure il est possible de démocratiser l’objet artistique et ainsi effacer la problématique division entre l’art et le design. Que pensez-vous à ce sujet? Vous semble-t-il important de démocratiser l’accès à l’art ? Pourquoi à votre avis était-il important pour elle de diluer la séparation entre l’art et le design? Albers a joué un rôle crucial dans la redéfinition de l’artiste comme designer. Pensez-vous qu’aujourd’hui il existe de grandes différences entre les artistes et les designers?