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Contexte

Xabier Salaberria
Debacle, 2009

« En utilisant cette technique, la peinture, je veux montrer la façon dont l’esthétique de ces images les rend belles. Par ces moyens, on a rendu la guerre acceptable par le public. Bien plus, la guerre a été présentée comme un événement sublime qui ne pouvait être remis en cause. »[1]

—Erlea Maneros Zabala, artiste

Une caractéristique commune aux œuvres d'Iñaki Garmendia (né en 1972 à Ordizia, Gipuzkoa), Erlea Maneros Zabala (née en 1977 à Bilbao  et Xabier Salaberria (né en 1969 à Donostia-San Sebastián) est de remettre en question les perceptions subjectives en générant de nouveaux contextes qui modifient la connotation et la signification de ce qu'on perçoit à première vue.

L'œuvre de Garmendia, Coup sur coup (Kolpez kolpe, 2003) est une vidéo qui montre le résultat d'une performance effectuée pour la biennale de Taïpeï en 2002–2003. Garmendia a demandé à un groupe de musique hard-core de Taïwan de jouer des morceaux célèbres de Zarama et Kortatu, deux groupes de rock radical basque. Le titre fait référence à une chanson de l'album publié par Kortatu en 1987. Dans cette performance, Garmendia essayait de transférer un contenu culturel propre à un lieu donné dans un système culturel différent. Dans la vidéo, nous voyons comment Garmendia essaye de communiquer le sens de cette musique aux musiciens taïwanais. La plupart d'entre eux ne comprend pas la signification des paroles des chansons et réagissent simplement en adoptant des postures et une gestuelle typiques de la musique rock ou punk. La musique est interprétée comme une expression de la jeunesse, au-delà la langue : la musique n'est pas comprise sous l’angle de la langue basque ou des contenus littéraux ou locaux mais sous celui du langage corporel habituel du rock.[2]

Dans l'œuvre Sans titre, jeudi, 1er novembre 2001, Los Angeles Times et New York Times (Untitled, Thursday, November 1st, 2001, Los Angeles Times and New York Times, 2005-2013), Erlea Maneros Zabala utilise l'histoire de la peinture pour réinterpréter les images produites par les médias. Dans ce cas, une image de guerre est transformée en un objet de consommation courante.[3] Cette œuvre est basée sur quatre photos de presse du premier bombardement de l'Afghanistan lancés par les États-Unis suivant immédiatement les attaques terroristes du 11 septembre. Elle retranscrit ces images dans des peintures romantiques du XIXème siècle, mêlant le sujet de la guerre à la notion romantique de sublime. À propos de l'œuvre, l'artiste déclare : « Après le lancement de l'invasion américaine de l'Afghanistan, la presse aux États-Unis a publié une série de photos “ illustrant ” l'événement. Beaucoup de ces images (desquelles étaient absentes les victimes et les destructions) ressemblaient à des peintures de paysage du XIXème siècle. « En utilisant cette technique, la peinture, je veux montrer la façon dont l’esthétique de ces images les rend belles. Par ces moyens, on a rendu la guerre acceptable par le public. Bien plus, la guerre a été présentée comme un événement sublime qui ne pouvait être remis en cause. »[4]

Dans Debacle (2009), Salaberria examine les formes abstraites de la sculptureconstructiviste, concentrant son attention sur les bases et les plinthes utilisées lors de la quatrième biennale de São Paulo en 1957 pour présenter les sculptures de Jorge Oteiza [5](né en 1908 à Orio, Gipuzkoa ; mort en 2003 à Donostia-San Sebastián). Salaberria transforme en œuvres d'art les plinthes typiques des années 50 sur lesquelles les sculptures d'Oteiza étaient placées, en leur retirant leur fonction originelle. Selon Salaberria, toute proposition artistique est, par essence, une opération de design dans laquelle un itinéraire est tracé pour dicter une certaine manière de regarder et de se déplacer. Il n'y a pas d'exposition sans espace (le sol, le plafond, les murs, les socles et les panneaux) et la scénographie devient le dispositif qui apporte le contexte: n'étant rien en soi, elle confère un caractère artistique à des objets que ceux-ci sont incapables d'acquérir par eux-mêmes.[6] Les piédestaux de Débâcle (Debacle, 2009) ne sont pas répartis dans la galerie pour ébaucher un parcours, mais sont assemblés comme des unités modulaires dans une structure. Sa structure contient cependant en puissance toutes les conceptions possibles d'une exposition. Dans ce contexte, nous pouvons penser aux unités géométriques du jeu Tetris qui, même lorsqu'elles sont agencées sous la forme d’une structure rectiligne qui disparaît dans une totalité indifférenciée, continuent d'être présentes.[7]

NOTES

1. Maneros Zabala, Erlea. Bricks to a house/Figures to a picture: North American Press Imaginary 2001–2004. 6 mai - 19 juin 2011.http://stiftelsen314.com/Archive2011.htm

2. http://vimeo.com/11706455

3. Beshty, Walead. “The Discrete Tastes of the Bourgeoise: Erlea Maneros’ Temporal Painting.” Article du catalogue de l'exposition Meanwhile, in another place... (2004), p. 111.

4. http://www.manifesta8.com/manifesta/manifesta8.artist?nombre=Erlea-Maneros-Zabala&codigo=63

5. Jorge Oteiza y el Propósito experimental. http://www.museoreinasofia.es/sites/default/files/salas/informacion/407.pdf

6. Artium. Centre-Musée Basque d’Art Contemporain. Gure Artea XX Awards. Communiqué de presse. 25 octobre 2009 http://www.e-flux.com/announcements/gure-artea-xx-presents-iratxe-jaio-klaas-van-gorkum-asier-mendizabal-xabier-salaberria/

7. www.hoyesarte.com
http://www.hoyesarte.com/sin-categoria/artium-acoge-a-los-premiados-de-gure-artea_90446/

www.artdaily.org

http://www.artdaily.org/index.asp?int_sec=11&int_new=35275#.Ud5sZNIm42Y[/url]

Preguntas

  • Demandez à vos élèves de regarder attentivement l’ œuvre Coup sur coup (Kolpez kolpe, 2003) de Garmendia

Dans le musée, vous pouvez visionner toute la vidéo, en classe vous pouvez en visionner un extrait à l’adresse http://vimeo.com/11706455

Faites des questions : Qu’est-ce que vous voyez ? Quelle sorte de musique entendez-vous ? Quelle sorte de musique aimez-vous ? Pourquoi ? Quelle sorte de message ce genre de musique transmet-elle ? Votre musique préférée a-t-elle un rapport spécifique avec une manière de s’habiller ou de se comporter ? Demandez-leur de développer les réponses.

Que connaissez-vous de la musique punk, rock radical ou hard-core ? Quel type de message transmettent-elles ?

Demandez à vos élèves de chercher des renseignements sur les manières de s’habiller, de se comporter ou de penser auxquelles la musique punk est associée.

Pendant cinq jours, le groupe de musique taïwanais, La Petite Nurse, a joué des thèmes de groupes de rock basque radical des années 80. Demandez à vos élèves de rechercher des informations concernant ce groupe de Taïwan. Quelle sorte de musique jouent-ils d’habitude ? Pourquoi pensez-ils que Garmendia veuille transposer le rock basque radical dans une autre culture ?

 

  • Demandez à vos élèves de regarder attentivement l’œuvre Sans titre, jeudi, 1er novembre 2001, Los Angeles Times et New York Times (Untitled, Thursday, November 1st, 2001, Los Angeles Times and New York Times, 2005-2013) de Maneros Zabala

Demandez à vos élèves de décrire ce qu’ils voyent. Quels adjectifs pourraient-ils choisir pour décrire les images ?

Demandez-leur d’imaginer qu’ils vont se promener dans ce paysage. Quelle impression auriaient-ils ? Demandez-leur d’expliquer quelles seraient leurs émotions.

Maneros Zabala traite de la guerre en Afghanistan et de la façon dont elle est représentée par les médias aux États-Unis. Que savez-ils de cette guerre ?

Quelles sortes d’images ont-ils vu à la télévision ou dans les journaux concernant la guerre ? Décrivez-les et parlez de la manière dont des événements passés étaient médiatisés et de la manière dont ils le sont aujourd’hui.

 

  • Demandez à vos élèves de regarder attentivement l’œuvre Débâcle (Debacle, 2009) de Salaberria

Demandez aux élèves de décrire les éléments qu’ils voyent dans cette œuvre d’art.

Comment les piédestaux sont-ils placés ?

Salaberria assemble les piédestaux. Demandez à vos élèves qu’ils essayent de dessiner différentes combinaisons d’assemblage au tableau et qu’ils disent quelles sont les combinaisons qui sont les plus intéressantes à leurs yeux et pourquoi. Quelles sortes d’œuvres d’art pourraient être placées sur ces piédestaux s’ils étaient éparpillés ? Tracez une ligne au tableau pour indiquer les différents parcours qui pourraient découler de chaque assemblage. Parmi ces itinéraires, lesquels préféreraient-ils pour observer l’œuvre d’art ? Pourquoi ?

À quelles fins les artistes utilisent-ils habituellement la scénographie d’une exposition ?

Pensent-ils que la scénographie d’une exposition puisse être considérée comme une œuvre d’art ? Envisagez cette possibilité. De quelle manière la scénographie peut-elle modifier la signification d’une œuvre d’art ?

 

NOTES

1. “Iñaki Garmendia in ARCO 2011.” 18 février 2011.
http://www.diariovasco.com/v/20110218/tolosa-goierri/inaki-garmendia-arco-20110218.html