Estrella roja congoleña (Étoile Rouge Congolaise), 1990

Espace et objet

Bodys Isek Kingelez
Étoile Rouge Congolaise, 1990
Papier, carton, mousse de styrène, plastique et autres matériaux trouvés.
85 x 92 x 50 cm
© Courtoisie de Bodys Isek Kingelez
C.A.A.C-The Pigozzi Collection, Genève

“Je voulais mettre mon art au service d’une communauté qui est en voie de renaissance pour créer un nouveau monde, parce que la joie du monde, en fin de compte, dépend des personnes qui l’habitent. J’ai créé ces villes pour qu’elles soient des lieux de paix, de justice et de liberté. Elles doivent fonctionner comme de petits États séculiers avec leurs propres structures politiques, sans police ni armée”. —Bodys Isek Kingelez(1)

 

INTRODUCTION

Bodys Isek Kingelez, ou Jean-Baptiste (né en 1948 à Kimbembele Ihunga, alors au Congo belge, et décédé en 2015 à Kinshasa, en République Démocratique du Congo), est un artiste qui s’est surtout fait connaître pour ses maquettes de métropoles africaines utopiques construites en papier, carton et bois. À la fin de ses études secondaires, Kingelez s’installe à Kinshasa, la plus grande ville et la capitale de la République Démocratique du Congo. Il continue là-bas à étudier à temps partiel tout en enseignant dans un collège pour subsister(2). En 1969, il décide de présenter une de ses premières maquettes de bâtiments au Musée national de Kinshasa dont les conservateurs, au début, doutant de sa capacité à créer une telle œuvre, l’invitent à travailler dans le musée pendant deux semaines pour s’assurer qu’il en est effectivement l’auteur(3). Après avoir constaté ses compétences, le musée l’embauche comme restaurateur de masques tribaux.

Kingelez s’est inspiré de la ville chaotique et anarchique de Kinshasa, en continuelle expansion, pour continuer à expérimenter avec du carton et des matériaux récupérés. Les maquettes de structures architecturales individuelles qu’il confectionne sont autant de constructions fantastiques qui questionnent la condition humaine et offrent une vision idéalisée de la ville(4). Il les a baptisées extrêmes maquettes, car elles sont extrêmement étranges dans leur étirement en hauteur, leur profusion de détails et leurs multiples significations(5). Bien qu’il soit dépourvu de formation comme architecte et qu’il ne s’attendait pas à ce que ses maquettes en carton deviennent de vrais bâtiments, Kingelez était convaincu que son architecture maquettique contribuerait à “créer un nouveau monde”(6). Pour lui, son art explorait les notions d’espoir, de rénovation et de régénération(7).

En 1990, Kingelez construit, parmi ses maquettes architecturales futuristes, Étoile Rouge Congolaise, une œuvre incroyablement minutieuse et coloriste à base de papier, de carton plume, de mousse de polystyrène et d’autres matériaux ramassés. L’étoile rouge qui couronne la construction donne son nom à cet édifice futuriste. La maquette peut sembler la représentation moderne d’un bâtiment socialiste, puisque l’étoile rappelle l’étoile rouge à cinq pointes utilisée depuis 1917 comme symbole associé à l’idéologie communiste et abondamment utilisée depuis sur des drapeaux, emblèmes nationaux, monuments, ornements et autres logos. Les maquettes de villes de Kingelez sont un reflet de ses idées politiques sur la société et prétendent dénoncer les grandiloquents projets d’aménagement urbain financés par la Banque Mondiale, qui ignoraient les besoins de la population locale et présageaient une existence ruineuse avant même d’être terminés(8).

En 1994, au lieu de maquettes de structures architecturales individuelles, il se lance dans la construction de villes entières, avec leur foule de bâtiments vertigineux, leurs avenues, parcs, installations sportives et monuments. Sa vie durant, Kingelez a élaboré plus de 300 maquettes à partir de matériaux récupérés dans le milieu urbain. Ces constructions colossales, qu’il incorporait dans tout un aménagement urbain soigneusement planifié à l’échelle, remplissaient toutes les fonctions de la métropole africaine idéale que l’artiste rêvait de voir construite(9).

 

1.http://www.caacart.com/html/kingelez_bio_english.html

2.http://www.culturebase.net/artist.php?210

3. http://www.rfi.fr/afrique/20150320-hommage-kingelez-artiste-congolais-architecte-utopies

4. http://www.caacart.com/html/kingelez_bio_english.html

5. http://www.culturebase.net/artist.php?210

6. http://www.theartsdesk.com/visual-arts/alternative-guide-universe-hayward-gallery

7. http://africa.si.edu/exhibits/pigozzi/kingelez.html

8. http://makingafrica.net/2015/03/bodys-isek-kingelezetoile-rouge-congolaise/

9. http://www.caacart.com/html/kingelez_bio_english.html

Preguntas

Montrez Étoile Rouge Congolaise, 1990

Demandez aux élèves de l’observer attentivement. Qu’est-ce qui attire d’abord leur attention en regardant la maquette ? Demandez-leur de dresser une liste avec cinq mots qu’ils utiliseraient pour la définir.

Demandez-leur d’imaginer que quelqu’un construit réellement cet édifice. Qui l’utiliserait ? Pourquoi ? Si nous entrions dedans, que verrions-nous ? Comment nous sentirions-nous ?

Kingelez disait que “La joie du monde, en fin de compte, dépend des personnes qui l’habitent. J’ai créé ces villes pour qu’elles soient des lieux de paix, de justice et de liberté. Elles doivent fonctionner comme de petits États séculiers avec leurs propres structures politiques, sans police ni armée”(11).

Kingelez était convaincu que l’architecture maquettique pouvait contribuer à créer un nouveau monde. Demandez à vos élèves s’ils croient que l’art peut contribuer à créer un monde meilleur et comment il peut y parvenir. Demandez-leur de s’expliquer.