El sueño de mi madre

Le rêve de ma mère

Le rêve de ma mère (lundi,19h45 ; mardi, 19h45 ; mercredi, 19h45 ; jeudi,19h45) [My Mother's Dream (7:45 pm Monday; 7:45 pm Tuesday; 7:45 pm Wednesday; 7:45 pm Thursday)], 1998
Huile sur lin, 320 x 868,7 cm
Courtoisie de l’artiste
© VEGAP, Bilbao, 2015

«Dans les années quatre-vingt-dix, je suis revenu aux grands paysages mais j’ai eu l’idée de faire un paysage environnemental. La plupart des paysages se regardent de loin, et donc mon idée était de faire une peinture enveloppante, une peinture qui vous entoure et vous introduit dans le paysage.»  (1)

INTRODUCTION  

Alex Katz (1927) est né dans le quartier de Brooklyn, à New York, de parents russes, peu avant que ne débute la grande dépression américaine. En raison de la crise économique, sa famille déménage à St. Albans, une communauté multiethnique de Queens, à New York, apparue dans l’entre-deux-guerres. Sa mère avait été actrice et se passionnait pour la poésie tandis que son père était  un homme d’affaires qui s’intéressait aussi à l’art. Katz fait ses études secondaires dans un collège connu pour son cursus original où le matin était consacré à l’enseignement et l’après-midi à l’art. En 1946, il s’inscrit à The Cooper Union, une prestigieuse faculté d’art, d’architecture et d’ingénierie. Sa passion pour le paysage commence à cette époque. Après son diplôme, Katz reçoit une bourse pour aller étudier pendant l’été à la Skowhegan School of Painting and Sculpture, dans la campagne du Maine, où il vit pour la première fois l’expérience de peindre à l’extérieur, en plein air. Katz affirme que cela lui a  donné “une raison pour consacrer [sa] vie à la peinture” (2). C’est là qu’il se rend compte que la lumière, la couleur et le mouvement lui offrent la possibilité de peindre d’une façon presque inconsciente et de produire une image en réponse immédiate à la nature (3).

À la fin des années quatre-vingt, ses paysages prennent de l’envergure, et il les baptise “paysages environnementaux”. Dans ces tableaux, au lieu d’observer une scène depuis une certaine distance, le spectateur est plongé dans la peinture, immergé dans la nature au lieu de contempler l’œuvre comme un simple spectateur.

Le rêve de ma mère (lundi, 19h45 ; mardi, 19h45 ; mercredi, 19h45 ; jeudi, 19h45) [My Mother's Dream (7:45 pm Monday; 7:45 pm Tuesday; 7:45 pm Wednesday; 7:45 pm Thursday), 1998] est l’une des peintures environnementales les plus ambitieuses de Katz. L’œuvre est constituée de quatre grands panneaux qui représentent plusieurs moments d’un même paysage à la tombée du jour, au cours de différents jours de la semaine. Les quatre scènes différentes et non consécutives suggèrent des sauts en avant et en arrière dans le temps, tels que ceux qui peuvent se produire dans un poème ou dans une pièce musicale où il se crée une séquence qui se répète tout le long de la composition (4).

Avec ces paysages environnementaux, Katz prétend appréhender “les choses rapides qui passent”, enregistrer le véloce passage du temps et saisir des instants fugaces et des conditions concrètes de la lumière dans le paysage. L’artiste décrit son objectif final comme “peindre le temps présent”, peindre la simultanéité de la vision et la perception. Katz pense que cet instant est comme l’explosion de lumière qui se produit juste avant de focaliser une image (5).

Pour atteindre cet objectif, il dépouille la peinture de toute information relative à l’apparence des choses en éliminant les détails au point de quasiment transformer son sujet en de simples taches de peinture. Ce style lui permet de représenter le sujet d’une façon qui aborde tant l’essence de la forme que la lumière, le temps et l’environnement. Katz signale qu’il écarte l’information inutile sur la structure des objets pour capturer l’ineffable passage du temps (6).

 

1. http://uk.phaidon.com/agenda/art/articles/2010/april/24/alex-katz-on-his-works-worries-and-wife/
2. http://www.alexkatz.com/biography/narrative_bio
3.  Michael Rooks, It all goes down in your mind. Exhibition catalogue. page 14
4. http://prensa.guggenheim-bilbao.eus/src/uploads/2015/08/Dossier-Katz-FINAL-FR.pdf
5. Ibid.
6. https://www.high.org/~/media/Sites/HMA/Res/PDF/Press/2014/October/Alex-Katz-Release-FINAL.ashx

Preguntas

Montrez à vos élèves Le rêve de ma mère (1998): Demandez-leur d’imaginer qu’ils entrent dans cette peinture. Où se trouvent-ils ? Comment le savent-ils ? Quel temps fait-il ? Que sentent-ils, entendent-ils, ressentent-ils ?

Comment Katz utilise-t-il la couleur, la lumière et les ombres ? Comment le décriraient-ils ?

Demandez à vos élèves de décrire les sentiments qu’éveille chez eux cette peinture. Quels éléments et quelles techniques Katz emploie-t-il pour provoquer ces sensations ?

Le rêve de ma mère (1998) est l’un des plus grands paysages environnementaux de Katz. Avec ce type de peinture, il veut que le spectateur sente qu’il se trouve à l’intérieur du paysage, et non en train de l’observer à distance. Quels éléments utilise-t-il pour y parvenir ?

Parlez des dimensions de la peinture (1). Répondraient-ils de façon différente devant un format beaucoup plus petit ou une autre forme ?

Demandez à vos élèves de penser à un moment où ils ont été entourés de nature. Quels seraient les éléments les plus intéressants du paysage ? Qu’est-ce qui peut être difficile de saisir dans une peinture?

Le titre complet de cette œuvre est Le rêve de ma mère (lundi,19h45 ; mardi, 19h45 ; mercredi 19h45 ; jeudi, 19h45). Pourquoi Katz a-t-il indiqué l’heure dans le titre ? À votre avis, est-il possible de capturer un instant dans une peinture ? Comment celle se distingue-t-elle d’une photographie ?

 

1. Pour avoir une idée claire des dimensions, prenez les mesures qui apparaissent au pied de l’image et comparez-les à la hauteur d’un élève ; vous pouvez aussi leur montrer un bref montage accéléré de l’installation de l’œuvre visible en ligne sur le site https://vimeo.com/60789330.