constantin brancusi king of kings

Le roi des rois

Constantin Brancusi
Le roi des rois, 1938
Bois de chêne
300 x 48,3 x 46 cm
Solomon R. Guggenheim Museum, New York 56.1449
© VEGAP, Bilbao, 2016
Photo: David Heald © SRGF

« Quand nous ne sommes plus enfants, nous sommes déjà morts. » Constantin Brancusi[1]

Constantin Brancusi (Hobita, Roumanie, 1876–Paris, 1957) a rompu avec la plupart des conventions en sculpture. En 1907, il travaille pendant un unique mois pour le maître Auguste Rodin (1840–1917), avant de décider de le quitter, car, selon ses propres termes : « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ». Rodin avait de nombreux assistants qui l’aidaient à fondre ou à tailler, mais Brancusi préférait créer ses sculptures de ses propres mains, dans l’intimité la plus étroite avec le matériau, dans la plupart des cas à travers la taille directe.

En 1924, il se photographie lui-même à la façon d’un menuisier rural roumain travaillant entouré de ses sculptures [2] (à la différence de Rodin qui souvent se représentait comme « le penseur », en marge de ses œuvres). Pendant la Deuxième Guerre mondiale et immédiatement après, Brancusi se centre presque exclusivement sur le travail du bois, un matériau qu’il considère riche en possibilités métaphoriques et avec lequel il est familiarisé grâce à sa formation de menuisier.

Au départ, l’œuvre monumentale en bois de chêne Le Roi des rois (1938) a été créée pour occuper le Temple de la Méditation de Brancusi, un sanctuaire privé commandé en 1933 par le maharajah d’Indore, Yeshwant Rao Holkar. Bien qu’il n’ait finalement jamais été construit, le temple — conçu comme une chambre sans fenêtres (sauf une ouverture au plafond), avec un bassin qui réfléchissait l’intérieur, des fresques d’oiseaux et une entrée souterraine — aurait incarné les principales thématiques de l’art de Brancusi: l’idéalisation de la forme esthétique ; l’intégration entre architecture, sculpture et mobilier ; et l’évocation poétique de la vie spirituelle. Les formes du Roi des rois sont inspirées des sculptures et des bois africains, du travail du bois typique de Roumanie et de la voie vers l’abstraction ouverte par les avant-gardes. Elles infusent à son travail des lectures métaphoriques supplémentaires, ou suscitent du moins quelques autres associations. Brancusi combine souvent les pièces unes avec les autres, jouant avec elles dans son atelier comme avec des jouets et en les photographiant dans différentes configurations. Nombre d’œuvres de Brancusi sont longtemps restées dans son atelier, ne serait-ce que parce qu’il avait du mal à les vendre. Et pendant qu’elles restaient là, non seulement il les déplaçait d’un endroit à l’autre, mais aussi il les reprenait, les détruisait et les reconstruisait constamment [3].

Le bois éveillait chez Brancusi une certaine tendance à l’Expressionnisme qui l’a conduit à produire des œuvres uniques. Tandis que ses sculptures en pierre et en métal représentaient des formes archétypiques, comme des oiseaux en plein vol et des figures dormantes, les pièces en bois évoquent des personnages ou des entités spirituelles concrètes. Par exemple, Le Roi des rois peut s’interpréter comme la tentative de Brancusi de transposer le pouvoir des religions orientales dans une forme sculptée. Le titre originel de l’œuvre était L’esprit du Bouddha, et nous savons que Brancusi était familiarisé avec le Bouddhisme à travers les œuvres du philosophe tibétain Milarepa.

Preguntas

Observez Le Roi des rois, 1938. Faites une esquisse de l’image. Puis commentez avec un autre camarade ce que vous avez découvert tout en la dessinant.

Comment intituleriez-vous cette œuvre ? Confectionnez une liste de titres possibles. Confrontez-les avec le titre réel de l’œuvre. Quelle relation a-t-il à votre avis avec la sculpture ?