Naturaleza muerta | Obras | Guggenheim Bilbao Museoa

Nature morte (Natura morta), 1942

“Les sentiments et les images que suscite le monde visible en nous sont très difficiles à exprimer ou peut-être inexprimables avec des mots, car ils sont définis par des formes, des couleurs, l’espace et la lumière”. Morandi, 1957

Giorgio Morandi (1890–1964) a passé quasiment toute sa vie dans sa ville natale, Bologne, cité italienne de grande tradition culturelle. Bien qu’il ait connu un grand succès au niveau international, il n’aimait pas voyager. Au cours de sa vie, il n’a visité que des villes relativement proches de son lieu d’origine, comme Padoue, Florence, Venise, Milan ou Rome, et Winterthur, en Suisse. C’est là qu’il a pu contempler, dans la collection du comte Contini-Bonacossi, les toiles d’artistes espagnols aussi importants que Murillo, Velázquez, Le Greco ou Zurbarán. Ces œuvres ont profondément influencés sa façon de peindre, notamment par leur éclairage et la sobriété des scènes.

Nature morte (1942) est un tableau extrêmement sobre et austère, duquel émane un profond silence. Cette image ne contient que deux objets de porcelaine blanche : au centre se dresse une bouteille originale qui, étant le seul élément vertical de la composition, prend toute la place, associée à une petite tasse du même matériau, légèrement inclinée, appuyée contre la bouteille et profusément éclairée. De fait, cette peinture est particulièrement remarquable par cette lumière argentée qui baigne la scène et qui se reflète magistralement sur la surface irrégulière de la porcelaine.

À partir de la fin des années quarante, dans les natures mortes de Morandi commencent à apparaître des objets juxtaposés ou placés les uns à côté des autres, soigneusement disposés sur un plan.

Les éléments qui apparaissent sur cette image restent des ustensiles ménagers, quotidiens, mais ils ne sont plus séparés les uns des autres comme dans les premiers tableaux de sa carrière. Ils forment en effet des masses compactes, comme c’est le cas dans cette autre toile, intitulée Nature morte (1956).

Cette œuvre fait partie de la dernière époque picturale de Morandi, qui se caractérise par la présence de formes cubiques qui prennent presque toute la place dans ses natures mortes. Au premier plan apparaissent trois inquiétantes formes cubiques peintes avec des couleurs douces mais bien définies. Au second plan, l’artiste situe trois bouteilles et une cruche, qui dotent la scène d’une certaine verticalité, à côté d’une boîte basse cylindrique. Les deux rangées d’objets, l’une derrière l’autre, suscitent une remarquable sensation de profondeur spatiale. En recourant à des couleurs plus sombres pour représenter plusieurs éléments verticaux (bouteilles), le tableau parvient à créer dans son ensemble une élégante harmonie chromatique.

L’année où Morandi a peint cette Nature morte, il s’et rendu pour la première fois dans la ville suisse de Winterthur, où il a vu les toiles de Jean-Baptiste Siméon Chardin, un peintre réputé du XVIIIe siècle, connu pour être un maître du silence et de la lumière. Comme Morandi, Chardin a peint au cours de sa carrière de nombreuses natures mortes, dont il organisait les objets avec un apparent désordre, pour renforcer le naturel de la scène. Morandi s’est particulièrement intéressé au tableau Le Château de cartes et il y a étudié attentivement la disposition des cartes, qu’il a peut-être voulu émuler dans sa Nature morte de 1956 avec les formes cubiques disposées au premier plan.

Preguntas

Commencez par décrire l’œuvre : Combien d’objets y a-t-il ? De quelle taille ? De quel type ? Quels sont-ceux qui se détachent ? Comment l’artiste est-il parvenu à faire en sorte que certains se détachent par rapport aux autres ?

Dans l’œuvre Nature morte (1942), seuls apparaissent deux éléments : une bouteille plutôt extravagante et une tasse, toutes deux de porcelaine blanche. À qui peuvent appartenir ces objets si fins et délicats ? Quel type de boisson pourrait contenir une bouteille d’allure si raffinée et élégante ?

Pour Morandi, les seuls sujets qui valaient la peine d’être reproduits artistiquement étaient le paysage, les fleurs et les natures mortes. C’est pourquoi ces sujets sont pratiquement les seuls qu’il a peints et repeints tout le long de sa carrière, en accordant une grande attention aux natures mortes. Si vous deviez choisir trois sujets qui vous inspirent pour composer vos œuvres artistiques (musicales, littéraires, plastiques, etc.) pendant toute votre vie, quels seraient-ils ? Quel est selon vous le lien qui relie les sujets que vous avez choisis avec vous ? Et avec votre contexte social, culturel, temporel ?

Morandi s’inspirait de petits détails des tableaux de maîtres anciens qu’il admirait. Par exemple, dans Nature morte (1956), un parallélisme est perceptible entre les boîtes qui apparaissent au premier plan et les cartes peintes par Chardin dans son œuvre Le Château de cartes (1736–1737). Cherchez sur internet ce tableau de Chardin et placez-le à côté de celui de Morandi ; comment décririez-vous le parallélisme entre les deux ? Tandis que les formes cubiques du tableau de Chardin sont clairement des cartes empilées, dans le cas de la toile de Morandi, on ne sait pas ce qu’elles représentent ; selon vous, de quoi pourrait-il s’agir ? Quelle est alors leur relation avec les bouteilles, la cruche et la boîte que par contre nous identifions dans cette même scène ?