Noli me tangere III, 2012
Noli me tangere III, 2012
Graphite, papier, ruban adhésif et peinture sur papier
152 x 165 cm
Collection de l’artiste
© VEGAP, Bilbao, 2017
Tout le long de sa carrière, Pello Irazu (Andoain, 1963) a réalisé de nombreux dessins, qui ne sont pas des études ou des esquisses en vue de futures sculptures, mais des œuvres d’art à part entière. Habituellement exposés à côté de ses sculptures, ils sont traités comme des éléments équivalents et inséparables de celles-ci.[1] À partir de scènes ou d’éléments quotidiens schématisés, comme un visage ou un objet, l’artiste évolue vers l’abstraction.[2] Pour Irazu, ces dessins ne sont pas des “dessins de sculpteur”, mais “sculptures”[3], à proprement parler, qu’il définit comme des “sculptures pour mur” ou des “écrans spatiaux.”[4] Par l’application de certaines techniques de sculpture à cette discipline, les dessins conservent un caractère sculptural ; avec eux, Irazu aborde les problèmes qui surgissent dans les relations qui se nouent entre notre corps, les objets, les images et les espaces. [5]
Dans Noli me tangere III, comme dans d’autres dessins de cette époque, Irazu incorpore divers matériaux, avec lesquels il renvoie à des langages différents. [6] Outre le graphite, il emploie du ruban adhésif pour marquer la construction des formes créées et souligner plus efficacement la spatialité projetée. [7] Une fois le ruban adhésif directement appliqué sur le papier, l’artiste peint dessus avec diverses couleurs. Les bandes de papier adhésif signalent la construction des formes, mais sans renoncer à leur condition simultanée de “barres” de couleur et à la tension du geste qu’enregistre chaque trait de pinceau.[8] En définitive, nous pouvons affirmer que les rubans adhésifs de Noli me tangere III remplissent une double fonction : ils redessinent les formes tout en apportant de la texture à la composition finale.[9] De plus, l’emploi du ruban adhésif dans ce cas coexiste avec plusieurs strates de support superposées : sur le papier de fond est disposé un ensemble de papiers graphités qui créent une trame labyrinthique dans laquelle s’insèrent les rubans adhésifs peints.[10]
Dans Noli me tangere III, Irazu reprend sous divers angles le profil et le volume de base de l’une de ses thématiques préférées : les sculptures-chaises. L’artiste transforme un objet quotidien, la chaise, pour le reconstruire de telle sorte qu’il engendre de l’étrangeté en perdant sa fonction d’origine. La chaise modifiée, sans fonctionnalité, produit une sensation de dépaysement. Nous nous trouvons face à quelque chose de reconnaissable et de quotidien, mais aussi de profondément étranger. Utilisant comme source ses propres photographies du processus d’élaboration de ses sculptures-chaises, l’artiste réalise sur le papier une expérimentation des différentes formes. Ainsi, Irazu parvient à créer une carte indéchiffrable où se perd le référent réel et n’a de sens que la seule masse de volumes créée par le propre trait noir sur blanc.[11]
Preguntas
Observez et décrivez l’œuvre Noli me tangere III (2012). Que voyez-vous ? Pouvez-vous expliquer les formes dessinées par Irazu ? Que vous rappellent-elles ?
Pour réaliser cette œuvre, l’artiste utilise, outre du graphite pour dessiner, des morceaux de papier et du ruban adhésif, qu’il colle sur le papier de base. Pourquoi à votre avis utilise-t-il le matériel de cette manière ? Quel effet veut-il obtenir ? Pensez-vous qu’il atteint son objectif ? Pourquoi ?
Une fois le ruban adhésif en place, Irazu le peint. Comment changerait le résultat s’il peignait directement sur le papier et non pas sur le ruban ? Quelle serait la différence ?
Irazu appelle ses dessins “sculptures pour mur”. Pourquoi à votre avis les appelle-t-il ainsi ? De quelle façon selon vous le dessin et la sculpture sont-ils liés ? Pensez-vous qu’avec son œuvre il parvient à réaliser des “sculptures pour mur” ? De quelle façon ?
Observez d’autres pièces de l’exposition, comme Commutateur (Switch, 1997) et Ombre, 2002. Quelle relation voyez-vous entre elles et Noli me tangere III ? En quoi les trois se ressemblent-elles et se distinguent-elles ? Un bon nombre de ces pièces dans lesquelles Irazu emploie des chaises ou des matériaux quotidiens de son environnement, surgissent au cours de la création d’autres œuvres. [12] Vous est-il déjà arrivé, en réalisant un dessin ou une esquisse, d’avoir l’inspiration de faire autre chose ? Que faites-vous d’habitude pour ne pas oublier cette nouvelle idée ?