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Paysage

[La peinture] On l'habite, on y circule, on y regarde au fond, on est tenté de relever la tête pour mesurer le ciel 13.

Au XVIe siècle, l'art du paysage s'est radicalement transformé dans les provinces du nord. Une approche plus réaliste du genre est apparue en même temps que les artistes Hollandais revenaient à l'observation détaillée de leur terre pour exprimer leur fierté et cimenter leur identité nationale. Au XVIe siècle, les peintures se centraient rarement sur l'entourage et lorsque les tableaux religieux comprenaient des mises en scène, les artistes en basaient les détails sur leur imagination ou sur des œuvres d'artistes précédents. Ils adhéraient également aux conventions schématiques de composition qui dictaient que le premier plan devait être marron, le plan intermédiaire vert et le fond bleu14 .

Dès le début du XVIIe siècle, les artistes des provinces septentrionales créaient des paysages indépendants des histoires bibliques ou mythologiques et qui célébraient la nation. Des activités plaisantes comme la chasse aux lapins, le patinage et les promenades dans la forêt, des animaux comme les vaches et les poissons et des constructions humaines comme les moulins s'unirent pour former une vision de ce qu'était être Hollandais15 . Les artistes développèrent également une nouvelle unité de composition, subordonnant les détails au tout, communiquant une ambiance générale, utilisant les diagonales qui s'étiraient sur la distance (sous forme de rivières ou de chemins) et imprégnant l'ensemble de la toile16 de tons légèrement distincts d'ocres et de gris au lieu d'employer, comme c'était le cas auparavant, une palette de couleurs bien différenciées. Un intérêt scientifique pour la lumière conduisit les paysagistes à expérimenter avec ses effets sur la toile . La dépendance de la mer -économique, géographie et militaire- les obligea à créer des marines, et l'exploration de plus en plus poussée des terres lointaines fit que d'autres peignirent des terres coloniales comme le Brésil pour les yeux Européens. Plus tard, mais toujours au cours du XVIIIe siècle, au cours de la phase connue comme structurelle ou monumentale, les paysages devinrent plus théâtraux et les couleurs plus vives et une structure plus ferme étaient alors caractéristiques17 .

Jan van Goyen (1596-1656) fut un paysagiste distingué qui aida à développer ledit style tonal au cours de la décennie de 1630, car il créa une harmonie picturale dotée d'un répertoire de couleurs limité18 . Van Goyen était partisan de la perspective atmosphérique, c'est-à-dire de suggérer la distance en faisant que les objets soient flous ou plus éteints, et également de peindre l'eau sous ses nombreuses formes. Sa technique picturale sur texture humide créait des crêtes aux superficies, ce qui les rendait plus animées. Il fut l'un des premiers maîtres à représenter le vaste ciel, souvent associé aux paysages hollandais. En le faisant occuper une grande portion de l'espace pictural, il accentuait la nature plane de la terre19 .Chemin dans les dunes (1629), par exemple, montre distinctement le ciel mais présente également un patron de composition caractéristique : une structure lourde d'un côté, un espace ouvert de l'autre. C'est ainsi que se produit l'emphase sur la vaste et puissante nature.

Citations
13 Eugène Fromentin sur les paysages hollandais, peintre et écrivain français du XIXe siècle. In : Les maîtres d'autrefois : Belgique, Hollande. 8e édition. Paris : Éditions Plon, 1876, p. 183.
14 Kahr. Op. cit., p. 48.h
15 Ibid., p. 55.
16 Ibid., p. 210.
17 Ibid., p. 211.
18 Ibid., p. 206.
19 Ibid., p. 208.

Preguntas

  • Demandez à vos élèves de rappeler à leur mémoire un entourage naturel qu’ils connaissent. Quels sont les aspects les plus intéressants de ce paysage ? Que serait-il difficile de capturer dans une œuvre d’art ?
  • Maintenant demandez-leur d’observer l’œuvre de Van Goyen Chemin dans les dunes (1629). Demandez-leur de relever comment leurs yeux se déplacent sur la toile et quels sont les endroits sur lesquels ils s’arrêtent. Que perçoivent-ils en premier lieu ? Et en dernier lieu ? Demandez-leur de réfléchir aux relations entre les éléments de la peinture, comme les sujets et le paysage, le ciel et la terre, la lumière et les ombres, le proche et le lointain. Quels éléments se distinguent ? Lesquels sont flous, obscurs ou équilibrés ?
  • Van Goyen employait diverses techniques importantes dans ses peintures. Il ajouta des éléments à échelle humaine, comme des maisons, des animaux ou des personnes pour souligner la grandeur de la nature. De même, il créa l’illusion de présence d’objets lointains en les rapetissant, peignant leurs contours de façon plus indéfinie, et employant des tons plus éteints. Vos élèves peuvent-ils trouver des exemples de ces techniques dans le tableau ?
  • Cette toile s’intitule Chemin dans les dunes (1629). Une dune est une colline de sable créée par le vent. Demandez à vos élèves d’imaginer comment serait la vie dans ce paysage. Quelles odeurs, quels sons percevraient-ils ? Que ressentiraient-ils ? Quels éléments, comme les figures, le ciel, la terre ou les lumières et les ombres, contribuent à ces impressions sensorielles ?
  • Les artistes Hollandais de cette période observaient la nature, en particulier leur terre, dont ils étaient très fiers. Van Goyen voyagea des années durant aux Pays Bas et annotait ses observations sur son carnet d’esquisses. Au préalable, les artistes peignaient grâce à leur imagination ou se basaient sur des paysages peints plus tôt. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces deux systèmes ? Que préférerais-tu en tant qu’artiste ? Et en tant qu’observateur ?