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Personnes : le Corps humain

« L'art est, dans un certain sens, comme une épreuve : c'est quelque chose qui te sort des entrailles vers le monde physique et, en même temps, c'est simplement une représentation de tes entrailles »1.

Dans l'espace bref et magique qui s'ouvre entre la naissance et la mort, « l'intervalle lumineux » auquel se réfère l'exposition, le corps humain est soumis à des tensions qui l'écartèlent dans des directions opposées : vers la création et vers la désintégration. C'est pourquoi Dimitris Daskalopoulos dit que « sa collection gravite autour de l'essence de l'être humain ». Il s'intéresse à cette impulsion, à « cette lutte pour créer avant de retourner à l'abîme »2. L'être humain aspire à créer de l'art, à avoir des enfants et à faire quelque chose de durable tandis qu'il descend vers la décomposition et, en dernier lieu, vers la mort. Dans les œuvres de Kiki Smith (née à Nuremberg, Allemagne de l'Ouest, en 1954), la représentation du corps humain symbolise cette lutte.

Pour une bonne partie de l'art et de la littérature, un corps humain (ou son équivalent) désigne globalement l'ensemble de l'humanité. En revanche, avec son travail, Smith préfère se centrer sur le corps non sexué en ajoutant une dimension supplémentaire à son exploration corporelle. Smith utilise les images du corps comme source d'histoires, de métaphores et de réflexion philosophique. Elle s'intéresse à la relation du corps avec la société et avec le monde, par exemple, comme elle l'exprime, au fait de savoir « où se termine notre sécrétion dans l'espace public et où commence à s'infiltrer la sécrétion publique en nous »3. Son œuvre Sans titre (1992), par exemple, représente une figure dressée avec une ouverture abdominale dont émergent des entrailles sous forme d'intestins confectionnés en papier népalais teint. Smith étudie aussi la façon dont les parties du corps peuvent fonctionner indépendamment de l'ensemble et, en tant qu'artiste, « le peu d'information qui est nécessaire pour créer un corps »4. Dans une autre de ses pièces, Guirlande de pâquerettes (Daisy Chain, 1992), une tête et des membres humains sont présentés comme des éléments désagrégés mais reliés entre eux au moyen d'une grosse chaîne de métal.

Notes
1Kiki Smith dans Art21, "Learning by Looking: Witches, Catholicism, and Buddhist Art " Art21, Pbs.org.
2Dimitris Daskalopoulos, cité dans Organizando una galería en mi mente: Dimitris Daskalopoulos con Nancy Spector. In : El intervalo luminoso : D.Daskalopoulos Collection, cat. expo. Bilbao : Musée Guggenheim Bilbao; New York; The Solomon R. Guggenheim Foundation, 2011, p. 25.
3Kiki Smith, Susan Thompson citée dans El intervalo luminoso., Op. cit., p. 189.
4Ibid.

 

Preguntas

  • Observez l’œuvre de Kiki Smith Sans titre (1992) et demandez à vos élèves ce qu’ils voient dans cette sculpture. Encouragez-les à décrire la posture, le genre et l’attitude de la figure, ainsi que les matériaux employés pour la créer.
  • À leur avis, qu’arrive-t-il à cette figure? Que pensent-ils du choix de Smith des matériaux : papier népalais teint à la main pour les entrailles et papier thaïlandais pour le corps sculpté? (Si possible, apportez des échantillons de ces types de papier pour que les élèves puissent les toucher). Existe-t-il une relation entre les matériaux et le thème, ou pas ? De quelle façon l’œuvre aurait-elle pu changer avec des matériaux différents ?
  • Smith a décrit l’être humain comme « poreux » en raison de la nature du corps physique et de sa relation avec la société. Que veut-elle dire avec cette affirmation ? Essayez d’imaginer les nombreuses significations du mot et comment elles peuvent s’appliquer à cette sculpture.
  • Dans ses sculptures, Smith sépare ou isole fréquemment des parties du corps pour qu’elles fonctionnent comme des symboles. Que peuvent symboliser les différentes parties du corps ?