Peso y equilibrio Richard Serra

Poids et équilibre

« Le poids est pour moi une valeur, non qu’il soit plus contraignant que la légèreté, mais j’en sais seulement davantage sur le poids que sur la légèreté, et j’ai par conséquent plus à en dire. J’ai plus à dire sur l’équilibre du poids, la réduction du poids, sur l’ajout et le retrait de poids, la concentration de poids, le levage de poids, l’appui du poids (…) » 1.

Introduction

Malgré leur grande taille et leur poids, les plaques qui forment les huit sculptures de La Matière du temps de Richard Serra (San Francisco, États-Unis, 1939) ne sont pas ancrées au sol mais se maintiennent tout simplement en équilibre. L’artiste a d’abord calculé avec une grande précision la forme et le poids des plaques pour qu’elles se soutiennent d’elles-mêmes.

Serra éprouve une fascination profonde pour le poids : avec ses œuvres, il cherche à souligner les effets psychologiques et spirituels que celui-ci provoque dans notre vie. Ainsi, il affirme avoir plus d’affinités avec « ce qui est lourd » qu’avec « ce qui est léger ». Pour Serra, le poids est une contrainte physique à laquelle nous sommes tous condamnés par la force de la gravité. Dans ses œuvres, il parvient à faire tenir debout de lourdes plaques d’acier ou de plomb sans fixations. Il se crée ainsi des tensions, comme dans l’Étai d’une tonne (Château de cartes), où quatre plaques de plomb se soutiennent verticalement par l’effet de leur propre poids, appuyées l’une contre l’autre, comme un château de cartes.

Durant ces trente-cinq dernières années, Serra a surtout utilisé l’acier pour ses sculptures, d’où une augmentation considérable de leur échelle. L’échelle, le poids et la hauteur de l’installation intitulée La Matière du temps sont monumentaux. La pièce la plus légère pèse 44 tonnes et la plus lourde, 276. Toutes mesurent plus de quatre mètres de haut et environ cinq centimètres d’épaisseur. Malgré ces dimensions énormes, Serra ne les ancre pas au sol et parvient à les faire tenir en équilibre. Avant toute installation, l’artiste étudie de manière exhaustive les principes structurels du matériau par rapport au poids et à la masse, pour obtenir une tension extrême dans ses œuvres. Ces œuvres nous situent à ce point ambigu où le poids devient léger. L’énorme masse, pourtant si lourde, devient aérienne. Serra transforme une plaque d’acier en quelque chose qui semble flotter et en les pliant de cette manière, il obtient d’elles des formes magiques. Le poids et l’équilibre, la gravité et la grâce suscitent des réactions et des sentiments contradictoires dans l’esprit du spectateur qui explore ces œuvres : la grandeur de l’échelle augmente la sensation inquiétante que provoque la tension créée entre le poids et son équilibre. L’artiste a placé les pièces de La Matière du temps d’une manière concrète, afin que le spectateur puisse se déplacer à travers elles et à travers l’espace qui les entoure, maximisant l’impact visuel de leur présence physique.

Dans son analyse du poids et de l’équilibre, Serra a recours à l’observation du corps humain comme exemple vivant et en mouvement de cette tension. Ainsi, ses pièces peuvent être comparées à un danseur qui défie la gravité à travers le mouvement et l’équilibre.

 

1 Richard Serra. Serra, cat. expo. 28 janvier – 23 mars, Musée National Reina Sofía, Madrid, 1992, page 9.

Preguntas

Citez des objets quotidiens lourds et d’autres légers. Quelles sensations vous produisent les objets lourds ? Et les légers ? Citez des matériaux lourds et des matériaux légers. Comment un matériau lourd peut-il devenir léger ? Et inversement ?

Serra affirme qu’il a plus d’affinités avec « ce qui est lourd » qu’avec « ce qui est léger », à quoi pensez-vous qu’il se réfère ? Pourquoi pensez-vous qu’il préfère « ce qui est lourd » ? Pour mieux comprendre sa préférence, vous pouvez lire la citation qui est retranscrite au début de cette fiche. Quant à vous, avec quoi vous identifiez-vous le plus ?

Montrez à vos élèves une image de l’œuvre Étai d’une tonne (Château de cartes) et demandez : comment vous sentiriez-vous si vous vous trouviez près de cette pièce ? Provoquerait-elle en vous le même effet si elle était réalisée dans un autre matériau ? Serra n’utilise ni colle ni clous…dans ses œuvres. Comment croyez-vous que cette pièce tient debout ? Pourquoi l’artiste n’utilise-t-il pas d’ancrages ? Que vous suggère le titre de l’œuvre ? À quoi est dû selon vous son double titre ?

Comment la taille des choses affecte-t-elle notre perception de ces choses ? Comment la taille d’une sculpture affecte-t-elle notre manière de la regarder ? Imaginez les sculptures de Serra à une échelle beaucoup plus petite : comment changerait votre perception vis-à-vis d’elles ? Pourquoi Serra a-t-il choisi de les créer à une si grande échelle ?

Pourquoi pensez-vous que Serra observe les danseurs pour étudier des aspects liés au poids et à l’équilibre ? Quel rapport peut-il y avoir entre une sculpture et un danseur ?