Oehlen 2013 oTBaum1

Sans titre (Arbre 1)

Sans titre (Arbre 1) [Ohne Titel (Baum 1)], 2013
Huile sur Dibond
378 x 250 cm
Collection particulière, courtoisie de la Galerie Max Hetzler, Berlin/Paris
Photo : def image
© Albert Oehlen

“[Derrière les œuvres réalisées autour de l’arbre se trouve] la réflexion sur ce qui se passerait si l’on interprétait la chaotique, folle, désorganisée formation des branches d’un arbre comme une analogie de l’artiste qui affronte la toile blanche sans savoir où va le conduire son pinceau. Les détails ne sont pas prédéterminés ; aucun aspect ne l’est”.[1] Albert Oehlen, 2015

Tout le long de sa trajectoire, Albert Oehlen (Krefeld, Allemagne, 1954) a aimé jouer avec le style et les matériaux, entre la figuration et l’abstraction, l’huile et l’ordinateur, la toile et l’aluminium. Mais en dépit de ces variations au niveau de la manière de peindre et des procédés artistiques utilisés, la représentation d’arbres reste un fil conducteur de sa carrière qui court des années 1980 jusqu’à nos jours.

Oehlen cherche toujours à s’imposer certaines contraintes au moment de créer. Pour sa série de toiles intitulée Gris (Grey), il s’est obligé à n’utiliser que de la peinture grise ; pour la série Mauvaises peintures (Bad Paintings), il s’est limité au rouge, au jaune et au bleu. Et pour leur part, les Peintures par ordinateur (Computer Paintings) sont soumises à la loi du noir et blanc.

En 1988, Oehlen entreprend la série des arbres selon d’autres règles : les figures doivent être verticales et occuper le centre du tableau ; les lignes tendent à s’affiner à partir de la moitié de l’arbre, au fur et à mesure qu’elles s’étendent [2]. Ses premiers arbres sont plus figuratifs, leurs formes relativement bien définies —le tronc, les racines et les branches sont clairement identifiables—, et ils sont peints dans des tons vert foncé, gris et marron.

Vers 2005, les arbres commencent à se simplifier. Perdant la couleur, ils deviennent des figures noires sur un fond géométrique bicolore [3]. Oehlen commence aussi à appliquer soigneusement sa peinture sur de grands panneaux en polyéthylène recouverts d’aluminium en veillant à ne laisser aucune trace du pinceau. De cette façon, en appliquant la peinture à l’huile d’une façon extrêmement propre et plane, l’artiste parvient à donner l’impression que les arbres sont la création numérique d’un logiciel de dessin[4]. Par le recours à cette technique particulière, les tableaux prennent l’aspect de panneaux publicitaires, bien qu’ils aient été méticuleusement peints à l’huile et à la main.

À partir de ce moment, Oehlen se focalise de plus en plus sur le développement des branches et des racines. S’inspirant de la structure chaotique et désordonnée des branches et des racines de certains arbres, Oehlen se livre à un travail plus intuitif en se laissant guider par ses impulsions. Au moment d’entreprendre la peinture, il n’existe rien de préétabli, si ce n’est les couleurs qu’il utilisera pour la figure et le fond, dominées par le blanc et le magenta.

Preguntas

Avant de regarder l’œuvre d’Oehlen, prenez un papier et un crayon et dessinez schématiquement un arbre. Une fois l’esquisse terminée, comparez-la à la peinture de l’artiste. En quoi se ressemblent-elles ? En quoi se distinguent-elles ? Comment décririez-vous l’arbre d’Oehlen ? Et le vôtre ? Quelles pistes trouvez-vous dans l’œuvre d’Oehlen pour dire que le thème de cette peinture représente un arbre ?

Faites attention maintenant à la technique utilisée par Oehlen. Sans titre (Arbre 1) [Ohne Titel (Baum 1)] est peint à la main avec de l’huile sur une feuille d’aluminium. Observez le trait de pinceau de l’artiste : À votre avis, pourquoi a-t-il peint de cette façon ? Quel effet voulait-il obtenir ? Pensez-vous qu’il a atteint son objectif ? Pourquoi ? Pourquoi à votre avis Oehlen a-t-il choisi ces matériaux ? Pensez-vous qu’ils sont en rapport avec le sujet ? De quelle façon ? Comment à votre avis le support a-t-il une influence sur l’œuvre ? Comment changerait-elle si elle était peinte sur une autre matière comme le bois, la toile ou sur le mur, par exemple ? Quelle serait la différence ?

Où imaginez-vous que pourrait être planté cet arbre ? Dans cet environnement que vous avez imaginé, comment est l’espace qui l’entoure ? Aimeriez-vous visiter ce lieu ? Pourquoi ? Que verriez-vous, entendriez-vous, sentiriez-vous et ressentiriez-vous à cet endroit ? Comment vous y sentiriez-vous ? Quelle heure du jour vous semble-t-il qu’il est ? Grimperiez-vous à cet arbre ?