ARBRES (2013─2016)
En 1989, Oehlen décide de se convertir en peintre abstrait et commence à utiliser l’arbre comme thème de ses peintures. À l’instar de Piet Mondrian qui avait étudié la dissolution de la forme figurative à partir d’un arbre, Oehlen utilise ce « véhicule pour dépouiller méthodiquement ses œuvres de contenu ».
Les images de cette série présentent des formes schématiques noires évoquant vaguement des arbres : les troncs et les branches ressemblent aux silhouettes des dessins d’Oehlen obtenus par ordinateur, même s’ils ont été méticuleusement peints à la main à l’huile et au pinceau. Selon l’auteur, « quand on dispose ces lignes noires sur un fond magenta, il se passe quelque chose d’inquiétant. Le magenta est une couleur hystérique en quelque sorte. Pour moi, ces arbres sont un peu psychopathes : des arbres-humains psychopathes ».
La structure chaotique et désordonnée des branches des arbres permet à l’artiste de commencer à créer une œuvre sans savoir où vont le mener les coups de pinceau. En partant du centre, chaque branche est une réaction à l’élément qui la précède, rien n’est prévu d’avance, seulement les couleurs qu’Oehlen va utiliser.
Ces tableaux ont été peints sur une couche d’aluminium recouverte de polyéthylène, des matériaux qui leur donnent un aspect d’affiche publicitaire. Le propre peintre en parle en ces termes : « J’aime cette rigidité ; elle donne la sensation qu’il s’agit d’une technologie moderne, et il est bien plus facile de peindre sur ce matériau que sur une toile. Je ne cherchais pas véritablement un autre support, je l’ai simplement essayé un jour et ça m’a plu ». Ces changements accidentels, typiques d’Oehlen, sont le fruit de l’instinct mais aussi du calcul.