CODA

SALLE 203

Gu Dexin est la conscience de sa génération. Sa frise de 35 panneaux contient onze phrases écrites en caractères rouge vermillon rappelant les panneaux officiels typiques et les campagnes politiques. Le texte répète ceci :

Nous avons tué des gens nous avons tué des hommes nous avons tué des femmes nous avons tué des vieillards nous avons tué des enfants nous avons mangé des gens nous avons mangé des cœurs nous avons mangé des cerveaux humains nous avons frappé des gens nous avons frappé des aveugles à mort nous avons frappé des gens au visage jusqu’à les défigurer

Pour un observateur chinois, ces phrases, mélangées mais reconnaissables égrenant la répétition, évoquent le chef-d'œuvre de l'écrivain moderne Lu Xun, Journal d'un fou (1918), dans lequel le héros réalise petit à petit qu'il est entouré de cannibales. Cette histoire était une critique déguisée d'une culture qui place le collectif avant l'individu. Le sujet des phrases de Gu est un "nous" collectif non spécifié qui assume la responsabilité de chacun de ces actes impensables, renvoyant le spectateur à la violence morale sous-jacente de l'ordre social. En employant ce nous, Gu sous-entend "nous tous".