Evolutions du surréalisme

SALLE 307

Le surréalisme est né à Paris dans les années 20 sous la plume des poètes Guillaume Apollinaire, André Breton, Louis Aragon, Philippe Soupault et Paul Eluard. Dans le contexte de l’après-guerre, ce mouvement artistique et littéraire se forme dans une perspective de renversement des valeurs assignées à l’ordre et à la raison et illustre la nécessité de réenchanter le monde. Théoricien du groupe, Breton pose les fondements d’une position esthétique originale qui puise à de nouvelles sources d’inspiration : les théories freudiennes et la psychanalyse, les mythes et les symboles, l’inconscient, les rêves et leurs manifestations, l’attrait pour le merveilleux, le hasard et la divination.

Le mouvement investit tous les champs de la création artistique et se caractérise par l’invention de procédés techniques et artistiques novateurs. Man Ray, Breton et Max Ernst, entre autres, mettent en pratique des jeux féconds entre la réalité et sa transfiguration. Les œuvres surréalistes se prêtent aux métissages, aux superpositions comme le montrent les œuvres de Victor Brauner et Francis Picabia. Des thématiques nouvelles apparaissent entre ésotérisme et symbolisme, à travers lesquelles certains artistes abordent l’androgynie et la fluidité des genres, comme Claude Cahun, Prinner ou encore Brauner.

Le surréalisme promeut l’irrationnel, le révolutionnaire, la libération de l’esprit. Les idées associées à ce mouvement se développent sur plusieurs décennies et sont diffusées, adoptées et réinventées au sein de réseaux internationaux d’échange. Ainsi, des artistes tels que Wifredo Lam, Véra Pagava et Léonor Fini explorent respectivement dans leurs œuvres différents aspects du totémisme, l’antiquité revisitée et un symbolisme teinté d’archaïsme. D’autres, à l’instar de Breton, d’Ernst, d’André Masson et de Roberto Matta, quittent l’Europe pour s’installer à New York, où ils découvrent dans la galerie de Peggy Guggenheim, Art of This Century, les répercussions du surréalisme aux États-Unis. Après la Seconde Guerre mondiale, le surréalisme est encore très présent à Paris où les artistes du groupe se mêlent aux nouvelles générations. Dès son ouverture au public en 1961, le Musée d’Art Moderne de Paris s’en fait l’écho.