Galerie 307. Art et langage

Comme le soutient le penseur français Jacques Lacan, le langage nous structure autant qu’il nous contraint. Par le moyen du langage — en tant que système complexe de règles et de significations qui structure notre manière de penser et d’interagir — les artistes de cette salle nous invitent à remettre en question la réalité, à reconstruire la mémoire et à prendre conscience des structures culturelles qui déterminent qui nous sommes.

Les mots et les signes remplissant la toile de Jean-Michel Basquiat constituent une puissante critique de l’exploitation infligée par son marchand d’art ; l’oeuvre devient ainsi un symbole de résistance et d’affirmation de soi face à l’objectification. Ibon Aranberri, de son côté, réinterprète les anagrammes et les logos conçus par Eduardo Chillida pour les institutions culturelles et politiques du Pays Basque : des symboles culturels enracinés dans la mémoire collective, mais dont le sens originel s’estompe avec le temps, prenant de nouvelles significations.

 
Nancy Dwyer et Juan Pérez Agirregoikoa analysent tous deux de manière critique la langue et la culture de masse en utilisant l’humour et l’ironie. Dwyer transforme les mots en sculptures 3D, dont les formes et les couleurs éclatantes contrastent avec leur signification, mettant en évidence les mécanismes de manipulation du discours public. Les slogans des banderoles de Pérez Agirregoikoa reflètent, de leur côté, les impulsions, les inquiétudes et les griefs collectifs, mettant en avant la tension entre le désir individuel et le contrôle extérieur. Ses mots révèlent des impositions sociales, remettent en question l’obéissance et proposent une possible révolution culturelle. Les plaques de cuivre d’Erlea Maneros Zabala reproduisent les couvertures du magazine clandestin Sine Nomine. Chaque lettre et chaque signe témoignent de la lutte culturelle et sociale du peuple basque pendant le franquisme, abordant la langue comme forme, contenu et document historique. Enfin, à travers ses structures complexes de chiffres, de lettres et de symboles, Hanne Darboven crée de nouvelles façons de mesurer et d’enregistrer le temps, au-delà des conventions chronologiques.