Moïse et les Égyptiens
1982Acrylique et barre d’huile sur toile185,9 x 137 x 4 cm
Moïse et les Égyptiens (Moses and the Egyptians, 1982) est une œuvre clé de Jean-Michel Basquiat, réalisée durant l’une de ses périodes les plus prolifiques, alors qu'il n’avait que vingt ans.
Au début des années 1980, déjà célèbre dans le monde de l'art, Jean-Michel Basquiat faisait quotidiennement face à la discrimination et à l'hypocrisie sociale. Son expérience personnelle, alliée à son intérêt pour l'histoire afro-américaine, a renforcé son engagement profond contre le racisme et le colonialisme. Ces sujets, qu'il exprime avec vigueur et audace dans ses œuvres, sont devenus les pierres angulaires de son travail.
La combinaison subtile de texte, dessin et peinture a permis à Basquiat de développer un style unique, mêlant l’influence du graffiti et les possibilités créatives offertes par la toile. Ses mots, riches en symboles, dissimulent des sens profonds, tandis que ses œuvres font souvent référence à la figure du "héros", qu’il représente sous les traits de saints, d’anges, de guerriers ou de victimes.
Dans Moïse et les Égyptiens, plusieurs couches de peinture blanche s'entrelacent, recouvrant une partie de l'œuvre avec de larges coups de pinceau qui encerclent l’élément central : une double planche qui fait allusion aux tables de la Loi d’un magenta vibrant. Un profil domine la composition, alors que des textes comme Staff into Serpent Trick (le bâton devenu serpent), Water into Blood (l’eau changée en sang) ou Ten Plagues (sic, les dix plaies) apparaissent comme des griffonnages désordonnés. L’ensemble dégage une énergie brute, capturant le mouvement et l’urgence d’un geste impulsif.
L'œuvre s’inspire de l’histoire de Moïse racontée dans l’Exode, le deuxième livre de la Bible. Ce récit décrit comment Moïse et Aaron, guidés par un mandat divin, se présentent devant le pharaon Ramsès II pour réclamer la libération des esclaves israélites d’Égypte. Aaron transforme son bâton en serpent pour prouver l’autorité de Dieu, puis change l’eau en sang le lendemain. Face au refus du pharaon de libérer les esclaves, neuf autres plaies frappent l’Égypte, jusqu’à ce que le pharaon cède enfin. Une fois la mer Rouge franchie, les Israélites échappent enfin à leur condition d’esclaves et accèdent à la liberté. Dans Moïse et les Égyptiens, Basquiat revisite cette histoire comme une puissante métaphore de l’oppression sociale. En évoquant la libération d’un peuple réduit à l’esclavage, il aborde des luttes contemporaines qui le touchent directement, comme l’injustice, l’inégalité et le racisme. Ces thématiques, profondément ancrées dans son époque sont toujours d’actualité.
Titre original
Moses and the Egyptians
Date
1982
Technique / Matériaux
Acrylique et barre d’huile sur toile
Dimensions
185,9 x 137 x 4 cm
Crédit
Guggenheim Bilbao Museoa Donation de Bruno Bischofberger, Zurich