
La musique est une force fondamentale qui traverse une grande partie de l’oeuvre de Mark Leckey. Dans ses premières oeuvres vidéo, comme Fiorucci m’a rendu hardcore (Fiorucci Made Me Hardcore, 1999), et des installations à grande échelle, telles que Système son (Sound System, 2011) ou RéfrigérateurEnActionSurÉcranVert (GreenScreenRefrigeratorAction, 2010), l’artiste emploie le rythme pour soutenir le récit, en faisant souvent appel à la musique électronique ainsi qu’à la nostalgie et à la culture populaire qui l’entoure comme axe central de son travail. Cela est particulièrement perceptible dans le style de montage de ses vidéos, inspiré des techniques typiques des DJ, telles que le sampling (compositions à base de morceaux de musique), le looping (répétitions en boucle) et la création de tension par la répétition.
Leckey affirme souvent que la musique est son premier point de contact avec la culture. Ayant grandi dans un milieu très éloigné des cercles artistiques, les expériences collectives telles que les raves et la culture des radios pirates ont été pour lui un espace de développement esthétique et émotionnel. Depuis 2016, il anime des sessions DJ mensuelles pour NTS Radio, une plateforme numérique ouverte dédiée à la musique électronique. C’est alors que Leckey laisse libre cours à ses goûts éclectiques à travers des playlists thématiques et des collaborations avec d’autres artistes.
L’éducation artistique de Leckey s’est en grande partie faite par le biais de clips musicaux, d’émissions télé nocturnes, d’enregistrements bootleg, de magazines, de stations radio pirates et d’Internet. Ces médiums lui ont donné accès à cette culture et à un sentiment d’appartenance que l’éducation formelle ne lui offrait pas. Son oeuvre reflète cette voie alternative, une fusion d’images issues de l’histoire de l’art et de références extérieures aux canons académiques, qui favorise un savoir émotionnel et officieux fondé sur l’intuition.
C’est sans doute une question de goût, mais pour moi, il s’agit de le réduire à
quelque chose de tangible. Quand la musique devient quelque chose de tangible.
Le reggae y parvient très clairement grâce aux basses, aux fréquences qui affectent
physiquement le corps. Mais je ne sais pas « où » se trouve la musique. On dit
que c’est quelque chose d’ineffable et d’incorporel, mais quand on écoute la musique, ça
reste l’enregistrement d’une expérience indirecte. La musique a une
existence très déroutante.
Mark Leckey
Mark Leckey, 2025. Photo: Alessandro Raimondo.
