La reina de corazones Niki de Saint Phalle

Collaboration

"Peindre calmait le chaos qui agitait mon âme. C’était une façon de domestiquer ces dragons qui ont toujours surgi dans mon travail." (1)

Niki de Saint Phalle Queen of hearts, ca. 1960–61
Bois et divers objets sur bois, 61 x 14 x 17 cm
Sprengel Museum, Hanovre, inv. SH 47,2001, donation de l’artiste, 2000

Introduction

Au début des années 1950, après une dépression nerveuse, Niki de Saint Phalle (1930, Neuilly-sur-Seine, France – 2002, La Jolla, Californie) commence à réaliser des assemblages, des compositions tridimensionnelles faites de fragments de vaisselle, galets, feuilles et matières trouvées, mélangés à de la peinture. Dans son œuvre, Saint Phalle trouve l’énergie qui l’aide à transformer ses problèmes émotionnels en énergie créative.(2) En 1956, elle rencontre Jean Tinguely (Fribourg, Suisse, 1925,–.Berne, Suisse, 1991), artiste Suisse connu pour ses sculptures mécaniques cinétiques, qu’elle épouse en 1971. Ensemble, ils établissent une union personnelle et professionnelle qui donne lieu à des collaborations sur de nombreux projets, à la fois petits et colossaux.

Saint Phalle et Tinguely créent leurs premières œuvres collaboratives à la fin des années 1950. Pour sa première sculpture, en 1958, Saint Phalle demande à Tinguely de créer une structure en fer, qu’elle recouvre ensuite de plâtre.(3) En 1961, elle a déjà exécuté Queen of Hearts et une autre petite série d’assemblages marqués par l’intervention de Tinguely par l’ajout de fils de fer pliés.(4) Commence alors un processus ludique « à quatre mains » de création d’un ouvrage artistique. Saint Phalle intègre d’abord une masse d’objets trouvés divers du quotidien avec colle et peint, puis Tinguely ajoute une série de fils de fer qui saillent de la pièce.(5) Les fils de fer, émergeant du centre de la création, projettent l’assemblage vers le spectateur. Les artistes veulent que ce dernier puisse toucher les fils de fer pour qu’ils puissent en reconnaître la fragile mobilité.(6)

La reconnaissance de ces assemblages inventifs intervient lorsque Saint Phalle participe à l’exposition Art of Assemblage au Museum of Modern Art de New York en 1961.(7)

 

1. Niki de Saint Phalle, Harry and me. The family years, 1930–1960 (Zurich: Bentelli, 2006), p. 52.

2. Pierre Descargues, Niki de Saint Phalle, et Carla Schulz-Hoffmann, Niki de Saint Phalle (Californie : Prestel, 2008), p. 10.

4. Bloum Cardenas, Ulrich Krempel et Andres Pardey, Niki de Saint-Phalle & Jean Tinguely : l'art et l'amour, cat. exp. (Las Palmas, Espagne : Centro Atlántico de Arte Moderno CAAM ; Hanovre : Musée Sprengel ; et Bâle : Musée Tinguely, 2007), p. 34.

5. Niki & Jean,  « Collaborateurs incontournables » dans Niki de Saint Phalle, cat. exp.. Paris, Réunion des musées nationaux – Grand Palais, 2014, pp. 268–71.

6. Cardenas et al., p. 34.

7. Tate Liverpool, Niki de Saint Phalle: Salle 1  www.tate.org.uk/whats-on/tate-liverpool/exhibition/niki-de-saint-phalle/niki-de-saint-phalle-room-guide/niki-de

Preguntas

Montrez : Queen of Hearts (ca. 1960–61)
Veuillez décrire en détails cet ouvrage. Imaginez et expliquez, étape par étape, comment Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely  l’ont exécuté.

Saint Phalle utilisait souvent des objets de la vie quotidienne dans ses assemblages. Queen of Hearts vous rappelle-t-il quelque chose que vous auriez vu auparavant ? Quels éléments pouvez-vous reconnaître ? Lesquels ne vous sont pas familiers ? Lesquels semblent être les moins modifiés par l’artiste, et lesquels ont changé le plus ?

Saint Phalle trouvait du matériel mis au rebut dans le studio qu’elle partageait avec Tinguely dans une colonie d’artistes située Impasse Ronsin à Paris.(8) La critique d’art Barbara Rose affirmait que leur studio « ressemblait à rien moins qu’un campement de romanichels… Il y avait d’énormes conteneurs à l’extérieur, remplis d’ordures, dont ils semblaient se débarrasser [en] les brûlant. . . À l’intérieur, il y avait ‘des trucs’—tous types de trucs qui pouvaient à tout moment se transformer en matière ».(9) Que pensez-vous du commentaire de Rose ? Avez-vous déjà entendu l’expression « les ordures d’une personne sont le trésor d’une autre » ? Que pensez-vous de cette phrase ? Y a-t-il quelque chose que vous possédez et chérissez mais que quelqu’un d’autre estimerait complètement inutile ? Observez les photographies de leur studio dans la section des Ressources et partagez votre opinion à propos de l’espace.

Saint Phalle et Tinguely ont travaillé ensemble sur de nombreux projets différents. Demandez à vos élèves de regarder les images des assemblages de Tinguely réalisés entre 1960et 69, la même décennie que l’œuvre artistique de Saint Phalle, au Musée de Tinguely (http://www.tinguely.ch/en/museum_sammlung/sammlung.1960-1969.html). Comparez-les. Quelles similitudes ou différences y a-t-il entre le travail des deux artistes ?

Tinguely a ajouté à Queen of Hearts de Saint Phalle les fils de fer voués à être touchés par le spectateur. Imaginez l’effet que doit faire toucher cet ouvrage.

 

8. Fondation Niki Charitable Art, “Niki de Saint Phalle : Life & Work 1955–1961”, http://nikidesaintphalle.org

9. Simon Groom, Niki de Saint Phalle (Londres : Tate Publishing, 2008), p. 78.