Paysage aux environs de Cassis, 1907
André Derain
Paysage aux environs de Cassis, 1907
Huile sur toile
33 x 41 cm
Hermann und Margrit Rupf-Stiftung, Kunstmuseum Ber
© André Derain, VEGAP, Bilbao, 2016.
« Le fauvisme a été pour nous l’épreuve du feu […] Nous étions à l’ère de la photographie. Cela a pu influencer notre réaction contre tout ce qui pouvait ressembler à une instantanée de la vie. Peu importait que nous nous éloignions des choses ; ce n’était jamais suffisant. Les couleurs devenaient des cartouches de dynamite ». André Derain, 1967[1]
André Derain (Chatou, 1880–Garches, 1954) est un jeune élève ingénieur lorsqu’en 1898 il commence à prendre des cours de peinture avec Eugène Carrière. Dans l’académie de ce dernier, il fait notamment la connaissance d’Henri Matisse (Le Cateau, 1869–Nice, 1954) et de Maurice de Vlaminck (Paris, 1876–Rueil-la-Gadelière, 1958), qui deviennent ses amis et ses compagnons de route.
Pendant l’été 1905, Derain se rend avec Matisse à Collioure (sud de la France), où il commence à peindre avec des couleurs intenses en baignant ses paysages d’une lumière brillante qui crée de forts contrastes. Cette même année, son travail est présenté au Salon d’automne de Paris. C’est alors que le critique Louis Vauxcelles emploie le mot « fauves » pour décrire avec ironie le groupe d’artistes que forment Derain, Matisse et Vlaminck. Le style de ces peintres est désormais baptisé du nom de Fauvisme [2].
Derain passe les étés suivants dans le sud de la France. La Côte d’Azur attire les peintres fauvistes par sa luminosité, indépassable pour capter la couleur dans tout son éclat [3]. A cette époque, le bleu de la mer et du ciel méditerranéen envahissent les tableaux de Derain [4]. Appliquant la peinture directement sortie du tube, ce qui lui donne une grande densité physique, il choisit soigneusement les couleurs pour souligner l’intensité de la lumière et de la couleur du lieu représenté [5].
L’artiste peint ce paysage, dans lequel les douces collines sont cernées de fortes lignes qui délimitent de grands plans de couleur, à l’été 1907, à Cassis. Cette œuvre se situe à mi-chemin entre le Fauvisme et le Cubisme. Bien que les brusques contrastes de couleur et les épais contours noirs renvoient encore au Fauvisme, mouvement dont le propre Derain s’éloigne à cette période, la palette maintenant bornée aux tons ocre et l’enchevêtrement dense d’éléments de la nature stylisés sur une surface lisse donnent déjà à la toile un air cubiste. [6].
Cette même année, le collectionneur Hermann Rupf (1880–1962) visite l’atelier de l’artiste en compagnie de son ami intime, le marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler (1884–1979). Au cours de cette visite, Rupf achète Paysage aux environs de Cassis, une toile qui marque le début de sa collection. Fasciné par l’œuvre de Derain, Rupf décidera plus tard de lui acheter 10 toiles supplémentaires.
Preguntas
Observez l’œuvre. Prenez le temps de l’analyser et d’en décrire tous les détails. Où imaginez-vous que se trouve ce paysage ? A votre avis, quelle heure est-il ? Qu’est-ce qui vous y fait penser ?
Imaginez que vous pouvez entrer dans cette peinture. Comment vous sentiriez-vous ? Quels sons, quelles odeurs ou quelles sensations percevriez-vous ? Aimeriez-vous être là ? Pourquoi ? Où imaginez-vous que se trouvait Derain quand il a peint le tableau ?
Faites attention aux couleurs. Comment les décririez-vous ? Quel état d’esprit transmettent-elles ? En quoi selon vous ce tableau se distingue-t-il d’autres représentations de paysages que vous avez déjà vues ? Faites une liste de tous les éléments que vous observez dans la peinture (exemple : les arbres, les collines, le ciel, la mer…). Quels sont les éléments qui attirent votre attention ? Pourquoi ? Comment sont-ils liés entre eux ?
Vers la fin du XIXe siècle, les artistes peignent surtout dans leur atelier en suivant les règles des académies artistiques. Pour réaliser ce tableau de 1907, Derain a travaillé à l’extérieur et peint directement de la nature. Quels sont les avantages et les inconvénients des deux systèmes de travail ? Que préfèreriez-vous comme artiste, peindre dans votre atelier ou le faire directement dans la nature ? Pourquoi ?
Cherchez sur internet des images actuelles de Cassis et comparez-les à Paysage des environs de Cassis de 1907. En quoi se distinguent-elles ? Y a-t-il un aspect qui vous semble similaire ? Si Derain peignait Cassis aujourd’hui, comment à votre avis le ferait-il ? Quels éléments détacherait-il ? En quoi changerait l’image ? Que pensez-vous qu’il ajouterait ou enlèverait de l’image ?