Désir

Galerie 209

Takka-Takka

La quintessence des "années folles" se retrouve dans les danses nocturnes extatiques et sensuelles qui se déroulaient à Montmartre et Montparnasse à Paris et au Moka Efti à Berlin. L'exposition suit le parcours de cette manifestation explosive d'un mode de vie émancipé et sensuel, dont la figure la plus célèbre fut la danseuse Joséphine Baker, première personne noire à devenir une vedette du spectacle, rencontrant un vif succès en Europe, mais pas aux États-Unis, son pays natal, en raison de la ségrégation et de la "loi sèche" ou prohibition imposée outre atlantique.

C'est à Joséphine Baker que l'on doit l'introduction et le succès du charleston en Europe. Son influence fut telle que les Parisiennes à la peau claire utilisaient des crèmes à base de noix pour foncer leur peau et ressembler à cette imposante danseuse, surnommée "la déesse d'ébène". Grâce à sa personnalité charismatique, son talent et sa liberté sans limite lui permettant de s'exprimer corps et âme sur scène, Baker désarma rapidement ses détracteurs et suscita des passions extraordinaires.

Dans cette salle, les visiteurs peuvent profiter d'un ensemble d'expériences qui complètent l'exposition grâce à une scénographie qui fait appel à l'intellect — dans une atmosphère évoquant les cabarets littéraires — mais aussi aux émotions, à travers les couleurs, les parfums, les films et la musique de l'époque. Ainsi, vous pourrez danser au rythme du jazz, du charleston ou des chansons de l'époque, ou écouter les compositions des auteurs classiques de la musique dodécaphonique.

Le terme érotisme, incarné à l'origine par le dieu grec Eros, désigne l'amour passionnel, et fait allusion à la sexualité, au désir et au pouvoir de séduction entre les êtres humains. Pour autant, l'amour érotique ne s'oppose pas frontalement à l'amour romantique, l'amour qui sublime la sensualité étant souvent associé au romantisme.

Un petit cabinet a été installé dans cette salle, imprégné d'une atmosphère intimiste, où les visiteurs peuvent en quelque sorte être immergés, à travers des séquences de différents films, dans des images du vaste univers érotique de l'époque.

Schall und Rauch ("Bruit et fumée") était le nom d'une revue publiée en allemand, mais aussi celui d'un cabaret littéraire ouvert en 1901 à Berlin par Max Reinhardt, qui avait choisi ce nom faute de mieux et parce qu'il lui rappelait le passage du Faust de Goethe où il est question de l'inconsistance du bruit et de la fumée. En 1920, le directeur du magazine, Hans von Wolzogen, devint aussi directeur du cabaret. Richard Huelsenbeck fonda le Dada Almanach, chargé de diffuser à Berlin les idées du mouvement Dada depuis Zurich, où il avait été créé en 1916. Lorsque la première exposition internationale Dada a été organisée à Berlin en 1920, dans un climat de grande contestation médiatique, le dadaïsme était déjà largement connu du grand public. Les dernières tendances proliféraient dans la capitale allemande et, comme il est mentionné dans le numéro de Schall und Rauch inclus à l'exposition, "On ne sait jamais ce qui se passe à Berlin ! Il faut se tenir à carreau et être prêt à tout".

Fondé le 5 février 1916 à Zurich par le couple Hugo Ball et Emmy Hennings, le Cabaret Voltaire avait une vocation artistique et politique et se voulait un lieu d'expérimentation des nouvelles tendances. Les artistes s'y retrouvaient pour lire des poèmes, parler de différents sujets, crier ou danser sans forcément suivre le rythme, créant ainsi une cacophonie absolue. Un jour, Hugo Ball dit qu'il allait publier un petit magazine intitulé Dada. Tristan Tzara tomba amoureux de ce terme et commença à écrire des poèmes absurdes sous ce nom : le dadaïsme était né. Organisée par George Grosz, John Heartfield et Raoul Hausmann, la première exposition internationale Dada se déroula à Berlin en 1920 et devint l'événement le plus célèbre du dadaïsme berlinois, présentant près de 200 œuvres d'artistes – notamment Hans Arp, Max Ernst, Hannah Höch, Francis Picabia ou Rudolf Schlichter –, ainsi que les œuvres clés de Grosz et Hausmann. En 1921, la galerie Montaigne de Paris accueillit le Salon Dada. Ces deux événements furent éphémères, comme le mouvement Dada lui-même.