LE THÉATRE DU MONDE ET LE PONT

SALLE 208

Cette installation architecturale de Huang Yong Ping déployée en deux parties représente la scène de la vie. Le pont est une cage sinueuse en forme d’arc qui renferme des serpents et des tortues qui se déplacent entre des sculptures chinoises en bronze représentant des animaux mythologiques. Sous Le pont se trouve Le théâtre du monde, une structure qui évoque une carapace de tortue contenant des reptiles et des centaines d’insectes vivants.

La création de Huang évoque le panoptique, un modèle de prison pensé par le philosophe anglais du XVIIIe siècle Jeremy Bentham, qui permettait une surveillance constante depuis une seule tour centrale de toute l’enceinte, auquel Michel Foucault fit référence dans son ouvrage Surveiller et punir (1975) comme d’une métaphore du contrôle que les sociétés modernes exercent sur les personnes. Cette installation de Huang s’inspire aussi de la créature mythologique et divinité taoïste Xuanwu, un hybride à tête et queue de serpent et corps de tortue (d’un point de vue symbolique, les animaux les plus puissants de la cosmologie chinoise, dont l’union selon certains récits engendra l’univers). Évoquant la cosmologie et la magie taoïste, à partir des théories de Foucault sur la modernité en tant que prison et des débats sur les maux de la mondialisation, Huang écrivit :

Le théâtre du monde est-il un zoo d’insectes ? […] Un espace d’observation de l’activité des « insectes » ? Une forme architecturale avec un système fermé ? Un croisement entre un panoptique et la pratique chamanique de collectionner des insectes ? Une métaphore du conflit entre différents peuples et cultures ? Ou encore une représentation moderne de l’ancien caractère chinois gu [chaos] ?