PEINTURES ABSTRAITES (ANNÉES 1980)

Les peintures abstraites d’Albert Oehlen se situent en réalité à la frontière entre la figuration et l’abstraction et sont reconnaissables à l’emploi impétueux et exalté de la couleur et à l’audacieuse gestuelle du pinceau. Oehlen commence à peindre ses tableaux abstraits en 1988, quand il s’installe en Andalousie avec l’artiste Martin Kippenberger. Sur ce changement de style, Oehlen a affirmé : « D’une certaine façon, je pensais que l’histoire de l’art évoluait du figuratif vers l’abstrait. Et moi, je devais faire la même chose. Je devais vivre dans ma vie la même évolution qui s’était produite dans l’histoire de l’art. »

Ces peintures à l’huile, le plus traditionnel des procédés picturaux, transmettent une sensation d’insouciance, comme si l’artiste cachait sa vraie compétence technique en utilisant des couches de peinture brillantes aux couleurs vives, sans respecter aucune convention ni norme préétablie.

Les tableaux abstraits d’Oehlen ne sont ni beaux ni attrayants. Quand il s’exprime sur son propre travail, le sarcasme de l’artiste est évident : « Quand on travaille un mois sur un tableau, on passe trente jours face à l’image la plus laide du monde. Dans mon travail, je suis constamment entouré des images les plus horribles. Vraiment. Ce que je vois, ce sont des lambeaux insupportablement laids, qui se transforment au dernier moment, comme par magie, en quelque chose de beau ».