Le monde tel que nous le connaissons est en pleine transformation politique, économique, sociale, culturelle et technologique. Pour savoir comment le design permettra, ou même, accélèrera cette transformation, nous devrions tourner notre regard vers le sud, et concrètement vers l’Afrique, où l’évolution est la plus évidente. En 2012 par exemple, on comptait environ 650 millions de téléphones mobiles enregistrés sur ce continent, plus qu’aux États-Unis ou en Europe. Cette évolution est menée tambour battant par une nouvelle génération de penseurs et d’acteurs dont les propositions multidisciplinaires représentent des solutions innovantes pour le continent et pour le monde entier, et bouleversent notre conception traditionnelle du design.
L’exposition Making Africa–Un continent de design contemporain présente des travaux appartenant à un large éventail de domaines créatifs : design d’objets et de mobilier, arts graphiques, illustration, mode, architecture, urbanisme, art, artisanat, cinéma, photographie, sans compter l’approche numérique et analogique. Ces œuvres occupent, délibérément, cette zone grise existant entre les différentes disciplines et pourtant, elles nous fournissent des réponses concrètes à la question de ce que peut et doit apporter le design au XXIe siècle. Habituellement, ces créations ne sont pas réalisées en grand nombre et sont souvent le fruit du travail d’une collectivité ; elles sont produites de manière décentralisée mais essentiellement dans un contexte urbain et sont davantage orientées au processus qu’au résultat ; souvent, elles surgissent d’une culture de la création informelle qui réinvente quelque chose de déjà existant, ou partent d’outils aussi bien traditionnels qu’électroniques qui aboutissent à de nouvelles oeuvres. Ces travaux servent de passerelle entre la révolution numérique et notre existence analogique, ils réinventent radicalement les matières, évoquent un sens de la responsabilité envers la société plutôt qu’envers le marché et réalisent des déclarations audacieuses sur l’avenir.
Le continent africain, d’une extension d’un peu plus de 30 millions de km2, pourrait à lui seul contenir simultanément la Chine, les États-Unis, l’Inde et même l’Europe Centrale. Seule l’Asie le dépasse en extension.